J’aurais aimé voir un Tora san débarquer avec sa valise dans le quartier sordide de Taiyo no hakaba pour expliquer aux miséreux l’importance de garder sa dignité et sa probité dans la pauvreté. Le souci est que mon cher Torajiro se serait fait chouraver sa valiser au bout de deux minutes avant de subir une multitude de vexations. Car la pauvreté d’Oshima n’a rien à voir avec celle de Yamada. Ici, elle est crasseuse, suintante, bête, violente, criminelle, laide, irrécupérable et peut-être bien consanguine, si l’on en croit le phrasé délabré et le regard abruti de certains des habitants du quartier. On espère bien qu’un rayon de soleil va apporter un peu de réconfort, peut-être en la personne de Hanako ou du jeune Takeshi, troisième et dernier couple pour clore cette trilogie de la jeunesse. Mais non, le titre annonce la couleur, le soleil, que l’on voit plusieurs fois au loin, juste à côté de la silhouette du château d’Osaka, vestige dérisoire d’un Japon glorieux, n’en finit pas de se coucher avant de disparaître pour une scène nocturne où une folie auto-destructrice va saisir des habitants, aspirés vers une médiocrité qui n’a que faire d’un changement pour un éventuel retour vers un Japon d’antan.


J’ai vu pas mal de films dans lesquels une certaine misère (parfois rude) était montrée, mais là, je dois avouer qu’il est difficile de trouver plus déprimant que le film d’Oshima. Déprimant et en même temps fascinant, le réalisateur usant de la même colorimétrie flashy que les Contes cruels de la jeunesse et faisant preuve d’un souci extrême pour restituer la déchéance et la misère dans ses moindres détails. Attendez-vous à la fin à un festival de trognes qu’un Jérôme Bosch n’aurait pas dédaigné.

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