Critique de L'Espion noir par cathVK44
Touché- coulé: au jeu de la bataille navale se risquent espionnage et faux semblants.Powell- Pressburger contre l’absurdité de la guerre.
Par
le 4 août 2025
1 j'aime
J'ai vu ce film à la télé il y a une bonne douzaine d'années je crois. C'était mon 2ème Powell et Pressburger après une insipide "bataille du Rio de la Plata". Autant dire que je commençais petits bras.
Cependant, je n'avais pas mal accueilli cet espion noir. Celui-là n'est pas insipide! Il fait partie de ces films de propagande que le couple Powell Pressburger a produit avec ferveur pendant la guerre. Certains plus que d'autres offrent quelques aspérités intéressantes qui permettent de dépasser le simple message politique sur la capacité toute patriotique des Britanniques à devancer les plans machiavéliques de l'ennemi.
D'abord, les auteurs ne dessinent pas des Allemands monstrueux. Ils sont même très humains. Les premières scènes pourraient fort bien décrire de sympathiques Britanniques. Or, ce sont bel et bien des Allemands sympathiques qui rêvent de manger du beurre en temps de privation, qui blaguent, qui sont enjoués, de bons camarades en somme, des types qui n'ont rien d'extraordinaires, le commun des mortels. . Jamais au cours du film on n'entendra de discours agressif ou raciste à l'égard de quiconque. Powell et Pressburger décrivent des hommes qui font la guerre par devoir patriotique.
La guerre est une aventure merdique qu'il faut gagner, quelque soit la nationalité du personnage. C'est sans doute ce qui touche dans ce film, les larmes de Valerie Hobson, la relation ambiguë qui se noue entre elle et Conrad Veidt. Et c'est aussi ce qu'on aime chez Powell et Pressburger qu'on retrouvera dans bien de leurs films, cette vision humaniste et d'aucuns diront "réaliste" qui présente un monde complexe, plein de nuances et où les humains jouissent d'une certaine liberté, celle de ne pas s'arrêter aux conventions simplistes. On est très loin d'Hollywood dans ce sens.
Le formalisme du cinéma de Powell, fait de l'habileté technique de ses collaborateurs et bien plus du lyrisme qu'il entend insuffler à son récit, fait de beauté autant naturelle que fabriquée, ce formalisme n'est peut-être pas des plus flamboyant sur cette production. Cette collaboration entre Powell et Pressburger est la toute première, si je ne m'empapaoute. Les Archers n'existent pas encore, la production est encore signée Alexandre Korda. Powell n'a pas totalement trouvé sa voie, son cinéma n'a pas encore abouti à la brillance et l'inventivité auxquelles il aura accès avec de plus grands moyens et une plus grande liberté créatrice.
Aussi, ce film n'est-il sans doute pas à classer parmi ses tous meilleurs. Cependant, il en émerge par moments cette poésie qu'on lui connaîtra, cette capacité à faire du simple et du naturel des éléments caractéristiques et puissants dans son récit. Le film est par instants plutôt bon. Il intrigue souvent, il n'ennuie jamais.
Reste ce petit mystère non résolu, ce lien qui se tisse entre les deux personnages principaux, peut-être un lien amoureux, oui, un amour impossible, un romantisme de guerre, c'est bien dans la veine des Powell et Pressburger!
Créée
le 29 déc. 2012
Modifiée
le 24 sept. 2014
Critique lue 905 fois
8 j'aime
2 commentaires
Touché- coulé: au jeu de la bataille navale se risquent espionnage et faux semblants.Powell- Pressburger contre l’absurdité de la guerre.
Par
le 4 août 2025
1 j'aime
"The Spy in Black" marque le début de la collaboration entre Michael Powell et Emeric Pressburger. Deux cinéastes qui révolutionneront le cinéma britannique avec leurs œuvres, caractérisées par leur...
Par
le 30 déc. 2020
1 j'aime
Film fadouille.
Par
le 25 juin 2025
Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...
Par
le 22 juin 2015
56 j'aime
3
Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...
Par
le 22 nov. 2017
55 j'aime
16
En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...
Par
le 4 sept. 2018
54 j'aime