Après le remarqué Amer en 2010, le couple Hélène Cattet et Bruno Forzani sont de retour quatre ans plus tard pour une nouvelle immersion extrasensorielle qui va pousser les potards jusqu'à leur maximum. Vous n'aviez pas aimé leur premier film ? Épargnez-vous la peine de repartir pour une autre expérience tant L'Étrange couleur des larmes de ton corps reste une œuvre déboussoulante sous tous les rapports.
Là où Amer semblait concrètement être dépourvu de scénario, ce nouveau film semble corriger le tir pour mieux nous berner. Un homme cherche sa femme, disparue dans un immeuble, et va découvrir au fur et à mesure que son esprit lui joue des tours face à des visions de plus en plus cauchemardesques. Dit comme ça, l'histoire a l'air classique, peu originale mais un tant soit peu intéressante. Pensez-vous. Chez Cattet et Forzani, l'histoire, on s'en tamponne le coquillard. Ce qu'il faut, c'est de l'expérience dans ta tronche, des effets sonores à te faire perdre la raison, idéal pour plonger les yeux fermés dans un tourbillon de séquences toutes plus décousues (mais intimement liées) que visuellement puissantes.
Une fois encore, les deux auteurs nous en mettent plein la vue, sans nul doute, mais une fois encore le résultat est fatigant. 1h30 de plans léchés, agressifs, parfois sans queue ni tête au premier abord, c'est une réelle épreuve. Il faut donc s'accrocher et surtout adhérer à ce type de formulation cinématographique pour venir à bout de ce long-métrage étrangement attractif et repoussant, qui joue constamment avec nos nerfs et nos sens. Le format étiré ne sied pas vraiment aux deux réalisateurs qui continuent d'en faire des caisses à base de références galvanisantes au giallo, aux délires Lynchiens et autres baroudeurs extrêmes du cinéma anti-contemplatif. Reste une œuvre continuellement intrigante, presque captivante mais jamais satisfaisante.