J’ai bien aimé. Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est que le film correspondait exactement à ce que j’imaginais en lisant le livre.
Et je pense que ce respect visuel est une vraie force du film. Le noir et blanc marche très bien, la lumière, la chaleur, la sueur… on ressent l’Algérie des années 40/50. On y croit, on y est.
J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont le film repolitise le livre de Camus, en rendant plus explicite le contexte colonial. Ozon réussit à rendre visible la hiérarchie raciale et la violence symbolique de l’époque. C’est assez juste.
Sur la mise en scène, rien ne m’a choqué, c’est sobre, mais peut-être un peu trop sage.
Dans le roman, on est cantonné au regard de Meursault, sauf qu’ici on le voit de l’extérieur.
Du coup, on ne comprend pas forcément ses motivations, ses émotions, ni même son rapport au monde. C’est à la fois frustrant et intéressant.
Sa relation avec Marie le montre bien, il me semble : il a besoin d’elle pour traduire sa pensée, pour exprimer ce qu’il ne peut pas dire.
Visuellement, c’est super bien réussi : notamment les scènes sur la plage et dans les bains d’Alger sont d’une beauté incroyable. Mais la fin m’a un peu déçu. L’épisode du moine m’a semblé décalé.
Et puis, au final, j’ai eu l’impression que le film n’allait pas plus loin que le livre, qu’il ne tranchait pas vraiment sur le sens à donner à Meursault.