L’Éveil d’Edoardo, est le petit film qui survient peu avant l ‘été, que l’on attendait pas, mais face auquel on prend un réel plaisir. Il réussit à parler d’un sujet avec douceur à un âge charnière pour cet homme en devenir. Bien loin d’un « American Pie » auquel il a pu être comparé, par son idée de départ qui veut que le personnage principal se dépucèle dans un lapse de temps donné, à savoir ici la fin de l’été.


Mis à part son ami fanfaron mais inexpérimenté, qui est d’ailleurs une des principales sources des situations cocasses, et un médecin qui le brusque à raison, Edoardo n’est entouré que de femmes. Bien loin des univers machistes dans lesquels prennent place en général les films traitant de ce sujet, à savoir les difficultés d’ordre sexuelles. Comment vit-on sa sexualité, encore bien mystérieuse lorsqu’un problème majeur vient à nous handicaper, physiquement mais aussi psychologiquement. Car ce problème ne permet pas à Edoardo d’avoir confiance en lui, et le met sur la défensive, alors que les femmes qui l’entourent ont une libido bien présente.


À commencer par sa petite sœur précoce, elle, obsédée par ses questions de sexualités et de séduction, et qui taquine son frère taiseux à ce sujet pour un garçon de son âge. Trop jeune pour ça, elle s’occupe du coup de la sexualité de son chien qu’elle veut à tout prix accoupler. Ironie qui semble créer un challenge autour de qui d’Edoardo ou du chien se reproduira en premier. Échec cuisant pour le chien, bien trop peu éveillé pour ça.
L’éveil est amorcé par sa voisine et amie Bianca qu’il aime. Son envie d’étudier à Paris la mettant sur le départ va accélérer ce processus, et l’emmener vers divers expériences avec une prostitué, et un poulpe, animal que vous ne verrez jamais plus comme avant à l’instar du personnage principal. Discret, son côté réservé plait à Elisabetta qui va lui permettre de se désentraver, se libérer.


On s’écrit des lettres, on va à la plage, nos parents se disputent, on expérimente. Pas de doute l’été est là, avec son lot de questionnements qui l’accompagne. Duccio Chiaccino pose sur ses personnages un regard bienveillant, et semble s’amuser à regarder d’en haut leurs préoccupations et atermoiements. La sincérité du propos livrée dans un récit en partie autobiographique émeut grâce à la justesse des interprètes, comédiens non professionnels pour la plupart, qui apportent franchise et naturel. Son œil filme avec pudeur et aisance les séquences intimes.


Le sujet très sérieux raconté avec délicatesse, permet de mettre en image le passage de l’adolescence à l’âge adulte sur différents ordres de questions. Le film est prenant car intelligemment écris. Il met en scène des personnages simples mais parfois plus mature que les adultes qui gravitent autour d’eux, qui réfléchissent à leurs sentiments avant de les exprimer. Ce ton amer et doux très plaisant, colle parfaitement à l’univers du récit, qui offre une fraicheur bienvenue.


Critique à lire sur le site CinéComÇa

LeBarberousse
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus en 2015

Créée

le 21 juin 2015

Critique lue 273 fois

LeBarberousse

Écrit par

Critique lue 273 fois

D'autres avis sur L'Eveil d'Edoardo

L'Eveil d'Edoardo
Praxos
3

Poulpe Fiction

Un film superficiel et bien moins profond qu’il n’y paraît sur la sexualité adolescente, qui allie tout de même sensibilité et humour, tout en conservant tout du long une certaine cohérence. Edoardo,...

le 14 juil. 2015

1 j'aime

L'Eveil d'Edoardo
RENGER
6

La sexualité masculine est rarement traitée à l’écran (...) un teen-movie sincère et touchant.

Edoardo, 17ans, va vivre ses premiers émois amoureux le temps d’un été sur la côte italienne. Maladroit et timide, passer à l’acte avec une fille ne sera pas chose aisée, d’autant plus qu’une chose...

le 14 oct. 2023

L'Eveil d'Edoardo
Fêtons_le_cinéma
4

L'éveil commence quand le film s'achève...

Ce qui aurait dû engendrer une chronique douce-amère sur l’émoi obstrué d’un adolescent pas tout à fait comme les autres – dans la mesure où il souffre de phimosis et ne peut donc ni se masturber ni...

le 7 août 2019

Du même critique

The Voices
LeBarberousse
5

Nice film... "In the back"

Ça faisait un moment que l’on n’avait pas eu de nouvelles de Marjane Satrapi, réalisatrice récompensée à Cannes et nommée aux Oscars pour l’adaptation de sa BD « Persepolis ». Il y a eu depuis le...

le 11 mars 2015

26 j'aime

6

Sea Fog : Les Clandestins
LeBarberousse
7

Chronique d'un naufrage annoncé

Depuis ces vingt dernières années des réalisateurs tels que Park Chan-Wook, Kim Jee-Woon, Na Hong-Jin, Hong Sang-Soo, Lee Chang-Dong, Kim Ki-Duk, Im Sang-Soo ou Bong Joon-Ho pour ne citer qu’eux ont...

le 10 nov. 2014

23 j'aime

1

À trois on y va
LeBarberousse
6

Amour humaniste

Le nouveau film de Jérôme Bonnell, « À trois on y va » semble être sur le papier tout ce qu’il y a de plus balisé en matière de comédie romantique française actuelle. Mais c’est très vite que l’on se...

le 13 mars 2015

17 j'aime

1