S’il reste accroché au fil directeur de son récit sans oser véritablement s’en affranchir, si sa démesure scénaristique peine parfois à s’incarner à l’écran en un vertige esthétique comme le sera le second opus, Stephen Herek n’en réussit pas moins à installer un univers cohérent et loufoque fort d’un duo d’idiots mémorable ainsi que tous ses accessoires – la cabine téléphonique qui permet le voyage dans le temps, les guitares électriques, la veste avec un smiley – et éléments de langage qui le définissent.
Bill & Ted’s Excellent Adventure propose un cours d’Histoire accéléré, rassemblant diverses personnalités et héros en une même communion dans la bêtise : Jeanne d’Arc devient coach de danse dans le centre commercial, Socrate et Billy the Kid draguent les filles, Napoléon part à Waterloo, qui n’est en fait qu’un parc aquatique, pour dévaler les toboggans et finir dans la piscine. L’incorrection avec laquelle le long métrage traite ces figures historiques tient au regard anachronique que leur portent les deux adolescents, soucieux de coller aux critères d’évaluation de leur professeur. Ce faisant, ils remettent ces personnages au goût du jour, les transforment en icônes pop qui défilent sur la scène comme dans un show ; ils les ressuscitent, galvanisés par la puissance d’une imagination débordante et l’électricité des guitares. Voilà donc une comédie innovante et de bonne facture, loin de l’excellence revendiquée par son titre, mais qui dispose d’un sens du divertissement en voie de disparition aujourd’hui.