Évidemment, au début, on se demande quand même un peu si le dispositif du film va fonctionner sur la durée. Parce qu'un gars qui, la plupart du temps, livre des commandes sur son vélo dans les rues de Paris, ça vend moyen du rêve côté action. Surtout quand on habite Paris, qu'on va au ciné pour échapper d'une manière ou l'autre au quotidien, et que le film représente finalement ce dont on est témoin chaque jour.
Pourtant question forme, L'histoire de Souleymane est la preuve que le gigantisme n'est pas nécessaire pour réaliser quelque chose d'haletant. Parce qu'il s'avère à l'arrivée incroyablement prenant, et totalement immersif. Et très honnêtement, on ne regardera plus vraiment de la même manière le livreur après ça, tout comme on trouvera beaucoup moins sympathiques les applications qui permettent de passer les commandes depuis le smartphone.
Sur le fond, au-delà qu'il soit inspiré du parcours personnel de son acteur principal, le film a bien entendu une portée politique évidente, évidemment d'actualité. Et selon ses conceptions, les uns le considéreront comme ayant une portée universelle ; quand les autres le restreindront à l'histoire d'un seul, en l’occurrence Souleymane. Et on devine facilement qui dans son entourage l'accueillera avec enthousiasme, et qui le jugera didactique avec ce petit quelque chose de dépréciatif propre au mot. Donc, pas sûr qu'il fera bouger d'un iota les lignes chez ceux dont les convictions sont forgées. Mais au moins, L'histoire de Souleymane éclaire le débat, et montre des aspects totalement méconnus de la plupart alors que l'on observe toutes ses choses sans savoir, que ce soit dans la rue ou par la fenêtre.
Donc, c'est un film important.