Un bon thème ne fait pas toujours un bon film, loin de là, y compris, et peut-être surtout s'il est inspiré d'un fait réel. Il y avait pourtant beaucoup à dire sur le négationnisme. Et l'idée était séduisante. Celle d'une sorte de Diogène où la cave a remplacé le fameux tonneau. Un homme qui derrière des allures de sage aurait manipulé jeunes et moins jeunes pour leur infuser ses idées délétères, lui l'ancien prof d'histoire-géo, homme cultivé et sachant parler. Le film débutait bien lorsque le personnage de Jacques Fonzic évoque le massacre des 12 millions d'Amérindiens ignorés selon lui de l'Histoire, sans toutefois parler la Shoah et ses "que" 6 millions de victimes. Ce non-dit volontaire prépare la suite. L'individu est rusé. Pour avoir analysé des manipulateurs d'Internet, j'ai reconnu la méthode et attendais la suite avec impatience. Sauf que Jacques Fonzic se révèle être un antisémite grotesque dont le site Internet n'a rien trouvé de plus original que des caricatures de Juifs comparés à des rats. C'est digne d'un vulgaire skinhead, pas d'un ex-enseignant. On sent que le but est de le présenter comme le super méchant, avec que des défauts. Il est piteusement habillé, il ne dit pas merci au barman à qui il utilise les toilettes, il est trouillard et en plus il sent mauvais. Il a même osé mentir sur quand est morte sa mère (euh... c'est si grave que ça ?)
Côté gentils, ce n'est guère mieux. Leurs crises hystériques et disproportionnées sont crispantes. Les réactions de l'épouse frisent le ridicule, comme si elle découvrait la Shoah et le négationnisme. Le mari alterne le parfois bon et surtout le pire. Il est franchement choquant lorsqu'il condamne l'accès des toilettes de l'immeuble à Fonzic, une attitude indigne. J'ignore si le mépris de classe vs mépris de race était voulu ou s'il s'agit d'une maladresse scénaristique.
Quant aux autres personnages, il y a le frère désagréable dès la première seconde, la fille en gros clichés sur les adolescents, quelques personnages insignifiants dont les acteurs semblent réciter, ou devoir réciter tant on leur a donné des dialogues creux. Reste le plus désagréable de tous à mes yeux : l'avocat de la City, prétentieux, arrogant et tête à claques.
On me rétorquera que les fictions sont pleines de personnages antipathiques. Certes, mais je distingue l'antipathique réussi (Tartuffe, JR de Dallas...) du désagréable souvent antipathique malgré lui à cause d'un scénario ou de dialogues ratés.
Le film lui-même, bien que pas complètement irregardable, traine en longueur, en remplissages (scènes sans intérêt dans le dojo) et en questions de droit guère passionnantes.
Saluons néanmoins la prestation de François Cluzet et de quelques autres.