Clint Eastwood réalisateur : Acte II. Celui qui avait fait une belle percée avec Un Frisson dans la Nuit (1971) revient pour son deuxième film au genre qui l’a rendu célèbre : le western. Son premier film était déjà convaincant, et L’Homme des Hautes Plaines confirme et pose davantage les marques du cinéma de Clint.


Le désert, un village au bord d’un lac, un cavalier solitaire et mystérieux… Le tableau qui se dresse dès les premiers instants suggère à la fois l’évasion dans des contrées inexplorées et vastes, et un territoire hostile plein de charognards. Ici, le héros n’en est pas vraiment un. C’est un cavalier errant venu faire une halte dans un village, mais les provocations de petits bandits vont l’obliger à sévir. Intimidés et impressionnés, les villageois voient en lui l’homme qui pourrait les débarrasser de la menace de trois bandits qui s’apprêtent à sortir de prison et venir mettre le village à sac. Le cavalier, alors paria, devient le décisionnaire, celui qui choisit le rôle de chacun, qui met tout le monde à sa place et semble avoir tout le monde à ses pieds.


A travers l’attitude de cet homme, taciturne et peu avenant, les personnalités se dévoilent. L’égoïsme et la lâcheté de chacun transpire pour créer un tableau plein de cynisme et de malfaisance. Au fil de l’intrigue, les masques tombent pour petit à petit dévoiler la vérité aux yeux du spectateur. Le cavalier solitaire se mue alors en justicier venu rétablir l’ordre et punir chacun pour les responsabilités qu’il endosse. Pour ce faire, Clint impose une ambiance lourde et pesante, alimentée par des faux-semblants perpétuels qui empêchent de cerner les personnages, dont les intentions n’ont de cesse de susciter la méfiance.


L’Homme des Hautes Plaines est un film plein de maîtrise, non sans quelques longueurs, lesquelles sont compensées par des passages beaucoup plus intenses, notamment vers la fin. Clint Eastwood montre ici déjà de très belles qualités de réalisation, tant en termes de photographie que dans le développement de son sujet. Il montre ici l’humanité sous ses aspects les plus repoussants et les plus cruels pour littéralement la condamner et la mettre face à ses responsabilités. L’union fait la force, mais ce n’est pas ainsi que Clint l’entendait. Mettant en avant un héros qui n’en est pas réellement un, il montre déjà ce qui le caractérisera plus tard : la démythification du héros pour une cause plus grande.


Clint Eastwood propose ici un western sociologique fort, sombre, vengeur, mais aussi révélateur. Une belle réussite.

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le 31 mai 2017

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JKDZ29

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