L’amour, selon Woody, n’est jamais au fond qu’une histoire de fesses !

Si l’on excepte le "non jeu" spectaculaire de Joaquin Phoenix et la fraîcheur de la nouvelle muse du cinéaste, Emma Stone, L’homme irrationnel n’apporte rien de neuf au cinéma de Woody Allen. Pour autant, le réalisateur prend ici un malin plaisir à jongler avec toutes ses thématiques de prédilection. Bourgeoisie, beaux parleurs, couples utopiques, adultères… tout le monde en prend pour son grade. En découle un florilège de ses leitmotivs. Alors qu’Abe semble au départ là pour bousculer l’ordre du petit monde bourgeois intello dans lequel il débarque, les pistes se brouillent au fur et à mesure. Encore une fois, tout ce beau monde semble inconsciemment dominé par le sexe, et en filigrane l’argent et la réussite. Si les sentiments qu’éprouve l’étudiante interprétée par Emma Stone pour son prof de philosophie sont probablement sincères, celle-ci ne peut s’empêcher de tenter une attaque en-dessous de la ceinture au détour d’une conversation anodine. Tandis que la professeure de biologie ne recherche la compagnie d’Abe que parce qu’il incarne pour elle un fantasme. Pire : même la démarche d’Abe visant à rechercher une nouvelle force créatrice n’est subordonnée avant toute chose que par son désir de résoudre son trouble de l’érection. Et non pas par sa panne d’inspiration pour son prochain livre – une œuvre sur Heidegger et le fascisme à laquelle il ne croit même pas – comme il veut s’en convaincre. Bref on reste sur sa faim. La faute à une morale et une chute un peu plates, malgré quelques jolis rebondissements.
L’homme irrationnel n’en demeure pas moins une œuvre mineure, quoi qu’attachante. De ces films charmants et subtils qui ne feront pas oublier la grâce implacable d’un Match Point.

Chicago
6
Écrit par

Créée

le 27 déc. 2015

Critique lue 203 fois

Chicago

Écrit par

Critique lue 203 fois

D'autres avis sur L'Homme irrationnel

L'Homme irrationnel
pphf
6

Le phénix peut-il renaître de ses cendres ?

Sans doute pas ce Phoenix là, dépressif et ventripotent, maître en philosophie spécialisé en philosophie de comptoir … (… encore que – malgré ces handicaps évidents, il n’en remporte pas moins un...

Par

le 25 oct. 2015

47 j'aime

15

L'Homme irrationnel
Docteur_Jivago
5

Pile ou face

Pile ou face... le hasard... en plus d'être au coeur du film, c'est aussi une manière de décrire la carrière de Woody Allen (enfin, surtout depuis une vingtaine d'année) dont on aurait autant de...

le 30 déc. 2015

35 j'aime

12

L'Homme irrationnel
Fritz_Langueur
9

De l'intérêt du pragmatisme...

« Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour tout faire bouger ». Ce n’est pas Woody Allen qui contredira Julien Gracq, avec...

le 15 oct. 2015

32 j'aime

6

Du même critique

Delphine et Carole, insoumuses
Chicago
8

Un vrai combat bien avant Me Too

"C’est l’histoire d’une grande amitié entre deux amoureuses de l’image, l’actrice Delphine Seyrig et la vidéaste Carole Roussopoulos. Quelques mois avant sa mort (en 2009), celle-ci décide de faire...

le 31 janv. 2020

9 j'aime

1

Un peu de soleil dans l'eau froide
Chicago
9

Une femme admirable et bouleversante

Inconnue, elle était ma forme préférée, Je n’avais pas le souci d’être un homme, Et, vain, je m’étonne d’avoir eu à subir Mon désir comme un peu de soleil dans l’eau froide. Paul Eluard. Lassé de sa...

le 6 déc. 2015

8 j'aime

L'Été en pente douce
Chicago
7

L'été meurtri !

"L'été en pente douce" est plus un film d'atmosphère que d'autre chose. Ici, pas de scénario poussé très loin, pas de grandes intrigues. Mais tout y est juste, la jalousie, la bêtise, la rivalité, la...

le 3 sept. 2016

8 j'aime