Pour le masqué, la paire Jan Kounen / Jean Dujardin, c'était le souvenir assez cuisant de l'adaptation de 99 Francs. Soit un Fight Club du (très) pauvre, avec un personnage ne suscitant que le dégoût et qu'il avait envie d'étrangler dès la première seconde du marasme.


Mais L'Homme qui Rétrécit, c'est toujours un sujet en or, et Behind était d'autant plus curieux du traitement réservé à un tel classique par l'industrie bleu-blanc-rouge.


J'ai eu dans un premier temps envie de hurler : car après une somptueuse introduction, la voix off envahissante et digne d'un manuel en développement personnel laissait craindre le pire. Car on considère sans doute que le silence, en France, est le plus grand ennemi du cinéma. Ou à moins que Universal ne soit pas très confiant sur le niveau de son public, comme une ancienne boss de France Inter disant que les csp – étaient trop bêtes pour suivre un programme...


Si ce compromis choque bien évidemment dans un premier temps, Kounen ne lâche cependant jamais la barre de sa réalisation, toujours signifiante, réduisant son héros dans le plan dès les premières images ancrées dans sa vie parfaite.


Au point que Kounen, bah, il ne filme pas un homme qui rétrécit, mais plutôt un personnage de plus en plus noyé dans les décors de son quotidien. Littéralement pris au piège, en mode subjectif, d'un environnement de plus en plus hostile, voire malaisant, comme à l'occasion de cette séquence où il visite la maison de poupées de sa fille.


A ce titre, ceux qui attendaient de l'action en seront sans doute pour leurs frais. Car il ne s'agit pas, ici, de livrer un énorme survival spectaculaire, rempli de courses poursuites ébouriffantes et d'affrontements tendus.


Car L'Homme qui Rétrécit ferait plutôt de l'oeil au Tom Hanks barbu de Seul au Monde dans son propos et dans sa manière de filmer la souffrance de la solitude et de l'inéluctable. Car Kounen nous murmure à l'oreille de ne pas oublier, au bout du compte, que tout a une fin et que nous ne sommes pas grand chose au final face à l'univers et son immensité.


Mais je ne sais pas si je suis le seul à avoir ressenti cela durant la séance : L'Homme qui Rétrécit, au delà de la séparation, de la solitude, parle aussi de la frayeur liée à l'oubli. Car dans cette cave, première étape du détachement aux choses, parmi ces cartons aux allures d'immeubles, Paul est tout simplement oublié de sa femme, de sa fille, qui ne semblent pas le rechercher avec l'énergie du désespoir, ou immensément peinées par sa disparition soudaine dès lors qu'elles sortent du cadre pour laisser la place au huis-clos. Sommes-nous aussi vite oublié quand l'on n'est plus ?


Kounen a beau peindre de jolies images poétiques, regarder le ciel tout aussi magnifique qu'impassible ou jouer avec l'infiniment grand pour faire passer la pilule. Le masqué, lui, a été saisi d'un sentiment étrange à la fin de la séance : quel est, finalement, le sens de sa vie ? En a-t-elle seulement un ?


Behind_the_Mask, dont le masque a rétréci au lavage.

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