"Invasion of the body snatchers" fait parti de ces films qui en ont inspiré tellement d'autres après leur sortie que leur importance dans l'histoire du cinéma est incalculable. Plus encore que "La chose d'un autre monde" de Howard Hawks, cette oeuvre du bien nommé Don Siegel est le point d'origine de tout un pan du cinéma de science-fiction. Celui où l'ennemi à nos portes nous ressemble plus que jamais.


Une petite ville des Etats-Unis est donc en proie à des phénomènes étranges. Certains parlent d'une "épidémie de trouble mentaux", mais le toubib du coin n'est pas dupe. Il pressent que quelque chose de terrifiant se cache derrière la paranoïa collective où nombreux croient leurs proches remplacés par des sosies.


Je vous vois déjà avec vos grands airs, vos préjugés sur un cinéma qui semble manquer de subtilité et irregardable aujourd'hui. Détrompez-vous, La subtilité du film ne se trouve pas dans la mise en scène de Don Siegel maîtrisée mais somme toute classique. C'est tout d'abord dans une montée de tension implacable qu'il sort véritablement du lot. Tout est parfaitement orchestré non pas pour faire douter le spectateur sur la véracité des événements, qui est indiscutable très rapidement, mais pour montrer tout le paradoxe de cette invasion.


En effet, bien que les personnages soient inquiets, puis affolés avant de courir et fuir pour leur survie, la contamination se fait tout en douceur. Elle a beau se répandre à une vitesse fulgurante, c'est sans violence, sans précipitation que les habitants sont méthodiquement déshumanisés puis remplacés. Comme un changement implacable, inarrêtable. Et tout cela dessert un propos intemporel ; l'uniformisation de la société. En filmant la montée en puissance d'une nouvelle humanité dénuée d'émotions, Don Siegel s'inquiète de voir chacun d'entre nous subir le même sort. Enfermé dans notre quotidien, où les jours se suivent et se ressemblent, prisonniers du consumérisme et du mouvement de foule, nous pourrions très bien un jour ou l'autre perdre toute humanité - sans même nous en rendre compte.


Perpétué depuis à travers des remakes, où avec des réalisateurs sous influence comme John Carpenter, Edgar Wright et bien d'autres, on peut dire que "Invasion of the body snatchers" a acquit une certaine postérité. Le voir et le revoir n'est donc en aucun cas rétrograde, puisqu'il est l'essence d'un genre et de thèmes toujours fichtrement actuels.

Créée

le 28 juil. 2015

Critique lue 379 fois

6 j'aime

Marius Jouanny

Écrit par

Critique lue 379 fois

6

D'autres avis sur L'Invasion des profanateurs de sépultures

L'Invasion des profanateurs de sépultures
Ugly
8

Les voleurs de cadavres

Voici l'un des grands films fantastiques des années 50, tourné en pleine "chasse aux sorcières" maccarthyste et donc hautement symbolique par ses sous-entendus (notamment les cosses qui sont censées...

Par

le 9 oct. 2018

30 j'aime

11

Du même critique

L'Impasse
Marius_Jouanny
9

Le dernier des Moricains

Il faut le dire, ce jour-là, je n'étais pas au meilleur de ma forme. Allez savoir pourquoi. Mais dès les premières secondes du film, j'en ai vu un qui portait toute la fatigue et l'accablement du...

le 4 août 2015

46 j'aime

12

All Things Must Pass
Marius_Jouanny
9

La sublime diarrhée de George Harrison

1970. Un an après Abbey Road, George Harrison sort ni plus ni moins qu’un triple album de presque deux heures. Un ouragan d’inventivité et de registres musicaux, en grande partie l’aboutissement...

le 22 avr. 2016

43 j'aime

6

Les Proies
Marius_Jouanny
6

Sofia's touch

Difficile de dissocier "Les Proies" de Sofia Coppola du film éponyme dont il est le remake, réalisé par Don Siegel en 1971. Au-delà de constater la supériorité de l'original, ce qui est assez...

le 28 août 2017

37 j'aime

4