Membre de la Garda*, la police nationale de la République d’Irlande, Gerry Boyle est un homme désabusé, cynique, vulgaire, désinvolte, paresseux, buveur, insultant…
Garde si vil ?
Le début du film augure le pire : ça jure beaucoup, ça se veut décalé, outrancier. On est possiblement face à une tarantinade, soit de la vulgarité-cool-fun, la came du néo-humain.
— You've been cautioned under the Bestiality Act. (…)What was it? A sheep or something? — It was a llama. I didn't know it was illegal to interfere with a llama. Did you?
Et pourtant, avec l’arrivée du flic du FBI (Don Cheadle, toujours aussi attachant), et le caractère de notre « garde » et le film prennent de l’épaisseur, évitent l’écueil du seconde degré compulsif tournant à vide.
Les dialogues (pièce maîtresse du cinéma de Mc Donagh) font souvent mouche — notamment ceux axés sur les clichés et la xénophobie —, s’enchaînent de façon fluide et donnent vie à des scénettes réjouissantes qui sauvent le récit d’un statisme poseur définitivement aux aguets.
I'm Irish, sure. Racism's part of my culture.
Brendan Gleeson est parfait dans le rôle du connard-finalement-pas-si-con. Sa bonhommie et son talent servent des répliques parfois hilarantes. Mc Donagh a par ailleurs un goût certain pour les plans léchés. Ils ne sont pas légion, mais la volonté est palpable.
Un réalisateur qui bosse ses textes et sa photographie, c’est déjà ça de pris...
*Garda Síochána na hÉireann