La qualité première et principale de L’Ordre des médecins réside dans l’incarnation assurée par ses comédiens talentueux ; ces derniers confèrent à leur personnage profondeur et authenticité au sein d’un scénario assez superficiel se saisissant du métier de son protagoniste comme d’un biais par lequel interroger son propre rapport à l’existence et à sa valeur. Dit autrement, la caméra scrute le corps de Jérémie Rénier, ausculte ses réflexes, décortique ses réactions de façon à sonder une intériorité qui ne peut s’extérioriser qu’au contact de son milieu, à savoir dans l’hôpital même. Dès lors, c’est par le truchement d’autrui qu’advient l’émotion et que devient possible le deuil, en témoigne la clausule vibrante sur un homme en larmes face à une vitre. Métaphore d’un film tout entier qui aurait gagner à recentrer son propos sur de tels enjeux et à évacuer son approche documentaire, ayant pour effet de diluer l’intrigue et d’étirer inutilement le récit.