Magnifique plongée, durant une saison, dans les profondeurs des forêts de pins de l'Ouest Canadien des années 1880.
Un ourson voit sa mère mourir alors qu'ils se goinfrent de miel dans des cavités rocheuses obstruées par des éboulis. Ceux-ci seront fatals à l'ourse. Le petit doit alors survivre seul.
On accompagne aussi deux chasseurs d'ours incarnés par Jack Wallace et Tchéky Karyo. Respectivement Bill et Tom recherchent des peaux de grizzly à revendre aux colons des plaines. Tom est un bleu, peut-être est-ce même la première fois qu'il se rend dans les Rockies. Bill trimballe sur sa mule, sa vieille carabine et toute son expérience de pisteur.
Enfin un grizzly gigantesque est débusqué et la winchester de Bill le blesse. L'animal diminué s'échappe cependant et, plus tard, adoptera l'ourson.
J'ai vu ce film au cinéma et ce fut peut-être d'ailleurs mon premier film vu dans une salle de projection, avec tout un tas de monde autour. Premier traumatisme aussi, que ces rêves d'ourson en stop motion revisitant ses premiers émois et premières rencontres dans un onirisme à tendance terrifiante.
Le drâme de la nature est bien qu'elle tue indistinctement, peut-être est-elle pire que l'homme ? Une heure et demi suffisent à dépeindre cette dure nature sur trois lieus : la forêt, la roche et la rivière ; soutenue par le thème musical efficace de Philippe Sarde.
Dans ce face à face à face entre les ours, les hommes et la nature, c'est bien cette dernière qui se montre la plus cruelle et gagnera. C'était tout l'intéret de placer l'aventure au 19e siècle : trouver un triangle équilibré.
Le travail du son est plutôt bon, quoi qu'irréel (l'ourson est quasiment doué de parole), et on apprécie un silence de l'homme dans un environnement plus grand à dominer - que je retrouve plus tard dans The Revenant, ou dans le silence du labeur de la première partie de There Will Be Blood -.
Dans le cinquième long-métrage de Jean-Jacques Annaud, à la fin, c'est bien la nature qui gagne.