Diane Lane et Kevin Costner - réunis à nouveau après “Man of Steel” de Zack Snyder” - sont les héros malheureux, mais empreints d’amour et de courage de “Let Him Go” de Thomas Bezucha. Ce qui commence comme un drame familial, va peu à peu se muer en un thriller à suspense mâtiné de western, au cœur d’une Amérique rurale du début des années 60, le tout magnifié par la photographie minérale de Guy Godfree et accompagné par la partition de Michael Giacchino (“La-Haut”). Après la perte de leur fils James (Ryan Bruce), le shérif à la retraite George Blackledge (Costner) et son épouse, Margaret (Lane) vont devoir quitter leur ranch du Montana pour porter secours à leur jeune petit-fils et sa mère. En effet, ayant refait sa vie, Lorna, la belle-fille des Blackledge, se retrouve sous l’emprise violente de Donnie Weboy. Celui-ci décide d'emmener Lorna et son fils dans sa famille du Dakota du Nord, tenue d'une main de fer par Blanche Weboy (Lesley Manville), la mère. Les Blackledge qui ont su faire face au pire des drames avec une pudeur extraordinaire, vont devoir combattre de toutes leurs forces pour faire valoir les liens du sang ! Car “Let Him Go” est avant tout une histoire de famille dans ce qu'elle a de plus précieux et les sacrifices qu'il faut être prêt à lui consentir. Et de sacrifices, il en sera question à travers l’expédition de sauvetage organisée par les Blackledge. Constamment sur le fil du rasoir, hormis quelques moments plus tranquilles où l’on se risque à un peu d’humour (comme le début du périple de George et Margaret que le réalisateur nous dépeint à la manière d’un bucolique road trip), voire des moments de pure poésie (le bivouac en pleine nature sauvage avec Peter, le jeune Indien orphelin), “Let Him Go” n’est qu’un leurre, car le film cache en son sein une bien triste tragédie aussi silencieuse qu’insidieuse, celle d’un fait divers de brutalité dite “ordinaire”. En mettant en exergue deux familles et en jouant sur leurs antagonismes - la tension sera à son paroxysme lors d’un repas que n’aurait certainement pas renié Tobe Hooper - d’un côté, l'existence droite et rangée d’un shérif et de son épouse et de l’autre une fratrie de criminels sous l’emprise d’une matriarche, Thomas Bezucha enjoint le spectateur à se questionner lui aussi sur les limites du bien et du mal. Mais lorsque l’intégrité physique d’un enfant - qui plus est, le fils de leur fils décédé - est en danger, toute une vie de droiture, de dévouement et de sens du devoir ne pèsera pas lourd face à la tempête de violence viscérale qui s’annonce !

RAF43
8
Écrit par

Créée

le 11 mai 2021

Critique lue 395 fois

3 j'aime

RAF43

Écrit par

Critique lue 395 fois

3

D'autres avis sur L'Un des nôtres

L'Un des nôtres
Arnaud-Fioutieur
7

Papi et Mamie font de la résistance

Hormis une concession lourdingue faite au "Sanglot de l'Homme blanc" (Pascal Bruckner) --- qui, ceci dit, a de bonnes raisons de se retourner et de pleurer

le 29 nov. 2020

8 j'aime

2

L'Un des nôtres
Boubakar
7

Pour leur petit-fils

Après la mort de leur fils, un shérif à la retraite et son épouse décident de tout quitter pour suivre leur petit-fils et sa mère, remariée à un homme dans la famille est dirigée par une femme...

le 26 août 2022

7 j'aime

2

L'Un des nôtres
Captain_Lane
9

Let Him Go

Tout d'abord, j'aimerai dire que le titre Français ne colle pas vraiment à l'esprit du film (vraiment à côté de la plaque). Ils auraient dû laisser le titre en version originale...qui donne du sens à...

le 27 nov. 2020

6 j'aime

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

16 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4