La Belle au bois dormant
6.5
La Belle au bois dormant

Long-métrage d'animation de Clyde Geronimi (1959)

La Belle au bois dormant reste à mon sens l'un des classiques les plus surcotés des studios Disney : un conte de fées tout à fait ordinaire et plus que conventionnel sur le plan scénaristique. Si le film fut plutôt mal accueilli lors de sa sortie en 1959 beaucoup de cinéphiles s'accordent pour affirmer la prouesse technique qu'il représente pour l'époque... C'est bel et bien la seule chose que je retiendrai de cette fable insipide et sans caractère, aux enjeux singulièrement bâclés et tout juste bon à faire frémir d'extase les midinettes de moins de dix ans.


Première ombre au tableau : les personnages. Ainsi la jeune Aurore reste une jeune fille belle mais d'une fadeur rédhibitoire, uniquement nécessaire à l'identification des plus petites spectatrices en quête d'une prince charmant chimérique : son personnage de Barbie avant l'heure n'a pratiquement aucune utilité ( un comble pour une héroïne ), et reste plus une fin en soi qu'autre chose. Par ailleurs Philippe alias futur Ken n'en est pas moins lisse et inintéressant, sorte de gendre idéal destiné à planter des étincelles dans les mirettes des gamines avide de romantisme... Philippe ou le parfait tue-l'amour pour n'importe quelle spectatrice ayant un minimum de bon goût.


Sinon les trois reines-mages ont effectivement une certaine fonction dans ledit conte, surtout utiles à faire des allers et retours entre Aurore et le Prince et le Prince et Aurore, et cetera et cetera... Puis arrive le cas de Maléfique : une méchante très très méchante avec son sbire de mauvaise augure, une mauvaise fée logiquement sombre de la tête aux pieds qu'on doit voir à peine plus de dix minutes montre en main sur toute la durée du métrage... Minimum syndical oblige Maléfique provoquera le fameux drame de la princesse endormie autour du dernier quart d'heure de ce sommet de mièvrerie et de remplissage.


Outre l'indigence et l'absence de personnalité des différents personnages l'écriture n'en demeure pas moins sérieusement pénible à écouter... Tous les schémas ultra classiques du conte de fées nous sont balancés avec un sens de la vulgarité paradoxalement sidérant à décortiquer : entre nos trois émissaires mamans poules aussi bandantes que des pelles à tarte et des lieux communs usés jusqu'à la corde car entendus mille et une fois auparavant ( Il était une fois un roi et une reine, ils se magnèrent et firent une jeune enfant, et blablabla...) ce bidule soporifique n'était vraisemblablement pas destiné à sortir des sentiers : c'est plat, convenu et quasiment insignifiant.


Autre et dernière ombre au tableau, et non des moindres : la musique et les fameuses chansons-cautions à la mode de Walt. Le parfum pralin s'exhalant des rengaines cucul proférées par un prince et sa princesse nous plonge rapidement dans l'anesthésie sensorielle... Tout ce qui se chante ici ou là file carrément la nausée par autant de ridicule et de niaiserie. Au final La Belle au bois dormant reste un film beau mais superficiel, à l'image de ses personnages. Blanche Neige et La Belle et la Bête ont quand même plus de gueule que cette fable sans coffre ni saveur. Dispensable.

stebbins
4
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le 5 nov. 2016

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3 j'aime

stebbins

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