Beauté absolue et éternelle

La beauté demeure un concept relatif, une notion sculptée par l'expérience, la culture, la personnalité, les références... Dans l'art particulièrement, il est presque utopique d'exprimer une idée "objective" et universelle de la beauté. Une excellente chose tant la force de cette expression de l'âme humaine se trouve aussi dans sa diversité de points de vue.

Néanmoins, "La Belle au bois dormant" des studios Disney s'approche au plus près d'un absolu de beauté tel qu'on pourrait se le représenter, du moins d'un point de vue occidental.

Les décors et les arrières-plans sont d'une qualité artistique irréprochable. Chaque plan se présente comme un tableau médiéval, d'un goût exquis tant dans la composition que la teinte des couleurs. Un style classique et indémodable qui traversera les époques sans faiblir.

Aurore, la plus belle princesse de l'univers Disney en termes de beauté formelle, se distingue comme une parfaite représentante d'un idéal féminin classique dans la culture occidentale. Ce qui a du sens quand des fées vous bénissent de ce don par la magie dès votre naissance. Sa voix française aussi, d'une pureté cristalline qui vous touche droit au coeur, lui assure un statut particulière parmi ses amies royales. Certes, sa personnalité se montre effacée et très fleur-bleue dans le cadre de l'histoire, mais cela a du sens quand on connaît le sort inévitable qui l'attend.
De plus, le côté "conte de fées" - littéralement dans le cas de cette histoire tant les fées tiennent une place importante - aide à nous faire accepter la façon dont nous est présentée cette jeune femme, surtout qu'elle semble d'une grande gentillesse et d'une grande douceur, mais l'histoire se concentre indubitablement sur la lutte entre les trois fées et Maléfique.

En effet, les vraies personnalités qui se dégagent du scénario sont les trois fées Flora, Pâquerette et Pimprenelle, ainsi qu'une des méchantes les plus emblématiques du studio, Maléfique, reflet de la beauté du côté obscur d'Aurore.
Cette approche apporte sa contribution au côté "classique et intemporel" de l'oeuvre, mettant en scène une lutte de pouvoir entre le bien et le mal, avec la victoire du bien représentée par la victoire de l'amour. Les humains ne sont là en réalité que pour illustrer les effets de cette lutte d'êtres surnaturels, avec le prince Philippe en tant que champion des fées et Maléfique entourée de tous ses mignons, jusqu'à ce qu'elle prenne elle-même les choses en main dans une séquence d'une terreur saisissante de beauté.

À part quelques longueurs avec les chamailleries des fées, le scénario se concentre sur l'essentiel et enchaîne les temps forts et les moments cultes, jusqu'à un climax incroyable et une superbe scène finale tout ce qu'il y a de plus féerique et céleste et qui reste gravée dans ma mémoire. Si le film ne marque pas par sa profondeur, il tire le meilleur de son côté "conte de fées", et renforce encore ce côté classique et indémodable.
Un côté encore souligné par plusieurs réarrangements de la musique du ballet de Tchaïkovsky dans son interprétation de l'histoire de la belle endormie. Y-a t'il meilleure illustration qu'un ballet dans l'expression d'un côté classique ?

Derrière une simplicité de surface au niveau de l'histoire, "La Belle au bois dormant" s'impose comme une des oeuvres les plus abouties et cohérentes du studio Disney, sans la moindre fausse note. Elle se hisse sans mal au panthéon des plus beaux classiques du cinéma, et restera à jamais comme une de mes oeuvres préférées de son histoire.