Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.



  • Can you see through this?

  • I'm afraid you can, Miss.

  • I'll wear it.



La période Pré-code est véritablement une période unique dans le cinéma américain. On osait tout. Mais là avec Red-Headed Woman, on atteignait sans conteste un sommet. Sur une échelle de 1 à 10 sur le plan de la moralité, on est à 0. Même l'inévitable moment "tout rentre dans l'ordre" va être grandement perverti. Et ne comptez surtout pas sur la toute fin pour que le politiquement correct vienne pointer le bout de son nez un peu trop propre ; au contraire, là, on atteint le summum du cynisme.




  • Listen, Sally, I made up my mind a long time ago, I'm not gonna spend my whole life on the wrong side of the railroad tracks.

  • Well, I hope you don't get hit by a train while you're crossing over.



Le film raconte l'histoire d'une arriviste qui va ne reculer devant rien pour arriver. Dans ce rôle, Jean Harlow assure en insufflant tout ce qui faut de cynisme et de perversité à son personnage tout en lui donnant de temps en temps une vulnérabilité touchante qui fait qu'on n'a aucune envie de le détester, et donc donne juste envie de se contenter de la regarder, d'une manière jouissive mais distante, grimper les échelons. Et ce qui fait aussi que le personnage joué par Harlow est encore plus attachant et que le film n'en est que plus immoral, c'est que ceux "respectables" de l'histoire, auxquels la protagoniste fait face, ne valent vraiment pas mieux qu'elle.


Ecrit en partie par Anita Loos (d'ailleurs on a au tout début une référence au livre Gentlemen Prefer Blondes !) et, sans être crédité au générique, par Francis Scott Fitzgerald, le film bénéficie aussi d'excellents dialogues, à base de punchlines et de sous-entendus irrésistibles. On notera aussi un glissement de caméra ultra-rapide sur l'actrice nue lors d'un échange de costumes, qui est juste un "fuck you" supplémentaire aux bien-pensants de l'époque.


En résumé, une oeuvre jusqu'au-boutiste, délicieusement irrécupérable dans l'immoralité, qu'on se demande sérieusement comment même en période Pré-code elle a pu sortir. Sans conteste, un des films hollywoodiens les plus subversifs, si ce n'est le plus subversif, sortis avant l'instauration du Code Hays.

Plume231
7
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le 10 mai 2017

Critique lue 623 fois

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