Je ne sais quoi dire sur ce film, si ce n'est que ça m'a donné envie de Lire le chef d’œuvre inconnu de Balzac, nouvelle que je dois lire depuis une éternité, sans doute ce film me fera franchir le pas... Quant au reste, c'est compliqué. C'est un film extrêmement long, quasiment quatre heures, quatre heures durant lesquelles il se passe à la fois beaucoup et très peu de choses. Les lieux, les personnages sont extrêmement restreints, Rivette propose des longs plans où l'on voit Piccoli peindre et Béart poser nue, disons qu'il faut être prêt pour regarder un tel film.


Mais j'apprécie la durée, c'est rare de voir un cinéaste prendre autant de temps pour montrer quelqu'un qui fait quelque chose d'aussi simple qu'une esquisse. On voit donc un tableau se faire, se penser sous nos yeux en même temps que l'on voit deux couples se perdre et voir leur relation perturbée par ce même tableau. Je crois que c'est ce qui m'a plu. Disons que j'ai vraiment adoré le personnage de Jane Birkin qui est ici l'ancienne muse de Piccoli, celle qu'il n'a pas réussi à peindre pour faire le tableau qui donne titre au film (et accessoirement sa femme). Et forcément, il y a un part de jalousie lorsqu'elle le voit reprendre son travail, effacer ce qu'il avait commencé avec elle avec une autre femme, plus jeune, moins marquée par le temps.


Je vois aussi dans le film une sorte de passage de relais entre Birkin et Béart. Birkin a souvent été nue plus jeune, au cinéma, dans des photos, elle a été la tentatrice dans la Piscine. Et là, maintenant elle est la mère, habillée face à la beauté nue de Béart. J'ai trouvé ça très intéressant.


Et disons que ça, couplé au côté besogneux de la pose, voir Béart nue souffrir en se tordant pour satisfaire les besoins d'un Piccoli dont le personnage ne semble pas savoir où il veut aller, ne pas savoir ce qu'il veut peindre, comment il veut peindre, ça tranche peut-être avec une certaine vision que l'on peut avoir de l'art où tout est une question de génie brut et divin qui tombe du ciel. Ici tout est une question de recommencements et plus on recommence, plus le climat s'obscurcit, plus les tensions et la jalousie resurgissent.


Ceci dit c'est un film où je pense que pas mal d'aspects doivent m'échapper, mais c'était intéressant pour ça, la composition du tableau en même temps que les couples se décomposent, mais une décomposition logique, dont on ne sait si les personnages vont réussir à se retrouver.

Moizi
7
Écrit par

Créée

le 17 févr. 2020

Critique lue 1.3K fois

9 j'aime

Moizi

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

9

D'autres avis sur La Belle Noiseuse

La Belle Noiseuse
Sergent_Pepper
8

L’offense nue.

Balzac était passé par la littérature, dans le Chef-d’œuvre inconnu, pour questionner le processus alchimique de l’inspiration en peinture ; Jacques Rivette, en l’adaptant, transpose cette...

le 12 janv. 2021

23 j'aime

La Belle Noiseuse
JanosValuska
10

Et le nu.

Au départ c’est une histoire de couple. Tous deux vont simuler une rencontre fortuite, où elle serait la photographe et lui l’artiste qui se cache. On est dans le sud de la France, non loin du Pic...

le 22 janv. 2015

15 j'aime

5

La Belle Noiseuse
Velvetman
8

L'autel de la création

Rares sont les films monstres comme l’est par exemple La Belle Noiseuse de Jacques Rivette. Des films qui vous embarquent dans un antre où le pouvoir de création prend le dessus sur tout le reste...

le 1 juil. 2020

14 j'aime

1

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

488 j'aime

48

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

301 j'aime

146

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

240 j'aime

61