Oury recherche un nouveau tandem. Il ne peut plus utiliser Bourvil, ce dernier étant mort en 1970. Quant à de Funès, il est empêtré dans ses soucis cardiaques et, de plus, il tourne au même moment La Zizanie de Claude Zidi. Alors, il associe Pierre Richard à son copain Victor Lanoux pour une comédie d'action se déroulant pendant les événements de mai 1968. Et ce n'est peut-être pas si surprenant que ça que de le voir aller chercher le grand blond. En 1984, il fera tourner Coluche, en 1993, Christian Clavier. Signe qu'il se sera intéressé à tous les grands acteurs comiques des cinquante dernières années.
Dans sa reconstitution de cette lutte sociale, les barricades, les affrontements avec la police, Oury m'a surpris. C'est plutôt bien fait. Il plonge aussi ses personnages dans une France encore bien rurale en 1968. On pourra aussi s'amuser des détenus de la prison de laquelle s'évade Gaulard qui sont tous bien blancs, bien français, alors que 25% des détenus actuels sont étrangers.
Pour le reste, c'est un buddy-movie avec Richard en brave type candide et Lanoux en gros dur. Rôle dans lequel il s'est dit peu à l'aise. Du reste, Patrick Dewaere avait lui aussi claqué la porte. Les nombreuses cascades transpirent la patte de Rémy Julienne dont un spectaculaire carambolage causé par la peu farouche Katia Tchenko qui ose un strip-tease au bord d'une station-service.
Il manque toujours la présence physique, la folie, d'un de Funès. Il suffit de se remater La Grande Vadrouille, Rabbi Jacob ou La Folie des grandeurs pour s'en convaincre. Dans La Carapate, Le Cerveau, il manque une énergie, un souffle comique, une scène culte. La danse de Rabbi Jacob ou la plongée dans la cuve de chewing-gum, le strip-tease d'Alice Sapritch face à Montand, la musique de Polnareff, l'interrogatoire dans La Grande Vadrouille, l'accident de voiture en 2CV dans Le Corniaud. Dans La Carapate, rien à part de la tôle froissée et des bourgeois inquiets devant la modernisation de la société.