Sonate atone
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La Chambre d’à côté est une élégie feutrée, un huis clos où Pedro Almodóvar orchestre un dialogue entre la peur de la mort et l’attente de l’inéluctable. Les principes sont clairement établis : un tandem - une femme mourante et une autre, terrifiée par l’idée de la fin – partage un instant de vie, où le réconfort circule dans les deux sens, loin de toute unilatéralité.
Ce film se déploie en deux mouvements distincts. D'abord, un prélude méditatif, dense en dialogues et ponctuée de flashbacks construits comme le récit d’un souvenir. Cette langueur désarçonnante, elle ne cherche ni le pathos ni l’émotion immédiate, mais installe patiemment les fondations d’un crescendo métaphorique.
Lorsque la seconde partie s’élève, c’est avec la solennité d’une tragédie dépouillée : l’euthanasie, débarrassée de tout ornement dramatique, se révèle en toute nudité. Par cela, le film dépasse l’illustration pour devenir une réflexion sur les pensées qui accompagnent les grandes décisions.
Visuellement, Almodóvar compose un tableau fascinant. Les cadres sophistiqués, les jeux de lumière, et les références picturales confèrent au film une maîtrise esthétique indiscutable.
Cependant, cette beauté, calculée au millimètre, dilue l’émotion brute, transformant les souffrances humaines en images trop parfaites. En d'autres mots, à force de vouloir illustrer son concept, il n'en dit plus grand chose.
Almodóvar, cependant, évite de sombrer dans le mélodrame grâce à une écriture subtile et à des personnages nuancés. En choisissant deux actrices autour de la soixantaine, Almodovar revendique la visibilité des femmes plus âgées dans un cinéma souvent focalisé sur la jeunesse. Il leur offre une voix et une complexité rarement accordées, explorant leurs émotions, leurs désirs et leurs peurs sans condescendance ni simplification.
La Chambre d’à côté est une œuvre visuellement inattaquable, mais émotionnellement distante, comme si, face à la mort, Almodóvar choisissait d’en rester à sa représentation.
Créée
le 11 janv. 2025
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