La Chambre d'à côté par XipeTotec

Voulant faire son film le plus intimiste, Almodovar n'a pas su trouver le juste équilibre entre ses effets et le minimalisme requis, malgré une douceur et une réussite globale, y compris dans la structure en deux parties du film, sa lenteur, l'impression d'assister au dialogue de deux amies plutôt que de participer au long-métrage ; mais on sort trop de ce dispositif, un commissariat semble une scène juste obligée (au risque de faire de l'euthanasie le sujet du film dont ça ne semble pourtant pas vraiment avoir été une préoccupation si centrale, et justement, il y avait une délicatesse et une évidence dans ce traitement qui fait aussi partie du charme de La Chambre d'à côté), Torturro un confident pesant d'inutilité... ; et à arborer une forme presque commune, chaque petit artifice visuel saute curieusement aux yeux au lieu d'être admiré comme il l'aurait fallu, le réalisateur n'ayant su ni s'en défaire ni en faire davantage, mal servi par un Alberto Iglesias classique au possible, qui renforce la sensation d'un réalisateur un peu enfermé dans son passé plus que celui de ses personnages, ne montrant que le The Dead de Huston, citant Hemingway, Joyce et Steinbeck au risque de conversations manquant totalement de vitalité intellectuelle, vitalité qui aurait pu être assurée par le passé de correspondante de guerre de Tilda Swinton, dont on n'aperçoit qu'un flash-back où elle est secondaire, ne sachant en fait pas trop que faire de la guerre qu'on ne montre pas, à laquelle on ne réfléchit pas, et pourtant trop là pour n'être qu'un habile élément d'un background au fond secondaire, comme une tentative avortée d'en faire quelque chose.