La Ière Guerre Mondiale apparaît au début du film de François Dupeyron, puis n'est évoquée qu'à travers un hôpital. Le roman de Marc Dugain (1998) et son adaptation parlent des gueules cassées, ces soldats défigurés durant la Grande Guerre. Ces hommes qui, malgré eux, ont fait évoluer la chirurgie esthétique à travers des réparations faciales et des masques.
C'est ce que dévoile en grande partie le film. D'un côté, des médecins qui essayent de redonner un visage à ces gens défigurés. De l'autre, ces derniers essayant de vivre avec et qui doivent aussi faire face au regard des autres. Si les médecins sont bienveillants et prennent soin d'eux, ce n'est pas forcément le cas de proches ou des gens en général. A l'image de cette séquence terrible où un homme (Xavier de Guillebon) est rejeté par sa famille venue le voir à l'hôpital. La violence ne vient pas du front, ni de ces visages défigurés (auxquels on se familiarise très vite sans être choqué), mais bien du regard des autres qui peut être désastreux pour la reconstruction physique et surtout psychologique de ces gens.
La redécouverte du monde ne sera pas non plus de tout repos et l'on assistera à l'une des scènes les plus marquantes du film : celle où une enfant regarde le personnage d'Eric Caravaca et passe de la peur au rire. Si une enfant est capable de regarder une gueule cassée, alors les adultes le peuvent aussi.
A cela rajoutez l'entraide entre les patients, chacun se soutenant malgré les épreuves. Cela se ressent notamment lorsque Caravaca prend sous son aile le personnage d'Isabelle Renauld, infirmière touchée au visage et rejetée par sa famille elle aussi. La chambre des officiers est un film souvent dur, mais aussi terriblement émouvant, humain et nécessaire.