Second film de notre cher Ridley de l'année 2001 (avec Hannibal), La Chute du Faucon Noir se veut être un film de guerre, aux apparences typiquement américaines, c'est-à-dire avec tous les défauts qui vont avec: les codes hollywoodiens encore plus éculés aujourd'hui qu'il y a 13 ans, les scènes "déchirantes" entre héros et mourants, ou encore les monologues de martyrs américains sacrifiés, alors que seuls 19 meurent, contre plus de 1000 somaliens. Cependant, il est intéressant de noter que si le film se met très rarement du côté des méchants "squelettes" somaliens, il ne dote pas d'un américanisme exubérant et propagandiste: au contraire, cet aspect du film est bien exploité au début du film, pour pouvoir contraster avec la fin, une fois que les soldats américains ont perdu de leur superbe. On a l'habitude des scènes avec les héros américains tournant le dos aux explosions, parce que "les vrais hommes ne regardent jamais les explosions"; ici, ils semblent surtout fuir ces explosions, auxquelles ils ne s'attendaient pas, et trébuchent même dans leur fuite. Pas vraiment digne des plus grands héros de guerre.
D'ailleurs, le film parvient à faire la part des choses puisque lorsqu'on y regarde bien, sans spoiler, c'est bel et bien le soutien de l'ONU qui se révèle décisif pour le sort des soldats américains. Ceux qui, au début du film, ne pouvaient que survoler la ville, impuissants et inaptes à tirer, se révèlent être la solution du film, et même une solution implicitement suggérée par Scott, peut-être, face à ce conflit qui, après tout, est réel. Ce film lorgne d'ailleurs très fort du côté d'Apocalypse Now, de Coppola, il faut le reconnaître. Il n'y a qu'à voir l'arrivée des Black Hawk (les hélicoptères américains) dans Mogadiscio (bon, la comparaison a ses limites, ils n'arrivent pas sur la Chevauchée des Walkyries) pour constater immédiatement la référence, une référence que l'on retrouve également dans le message du film. Un message explicité par la rapide prise de parole d'un milicien somalien: même la déchéance du dictateur ne rétablira pas la paix en Somalie, les américains n'arriveront jamais à établir leur démocratie, et par conséquent, les soldats qu'ils envoient y mourir ne servent à rien.
Au niveau de la réalisation, Scott nous propose ici quelque chose dans la continuité de ce qu'il montrait avec Gladiator; quelque chose d'aussi beau, d'aussi fringant, auquel il ne manque que le scénario pour se hausser définitivement à la hauteur du péplum. Les scènes avec les hélicos, entre autres, sont extrêmement bien filmées, ce qui prouve que Scott est définitivement un pro de l'image; par ailleurs, l'action est toujours compréhensible, fluide, sans jamais être trop floue. Ajoutez à cela l'une des meilleures partitions de Hans Zimmer et vous obtenez l'un des meilleurs films de guerre des années 2000, dans la lignée, justement, d'Apocalypse Now.