Alexandre Aja continue d’explorer les atrocités de l’humanité et de jouer avec les nerfs du spectateur dans un exercice d’équilibre tendu entre angoisse incessante et horreurs ponctuelles. The Hills Have Eyes, remake d’un film du maître Wes Craven, est un excellent divertissement pour qui apprécie les frissons et l’inconfort dérangeant de l’horreur.


Après une introduction bien gore (meurtres à la pioche, dans le désert, de scientifiques sur un ancien site d’essais nucléaires, en recherche autour de la génétique), le générique joue d’images d’archives nucléaires américaines et de malformations sur une innocente musique joyeuse, pop be-bop des fifties pleine d’insouciance. Belle manière de définir le décor de l’intrigue à venir.
Dans une station-service qui semble désaffectée, au cœur du désert, à quelques mètres à peine d’une zone militaire, un vieux solitaire accueille rudement une famille en route pour les vacances, et les envoie sur un raccourci à travers les collines.


La photographie dans le désert est propre, correcte, mais aurait pu être mieux travaillée, ou retravaillée, pour laisser exploser les couleurs, apporter plus de rouges et d’ocres. Insister sur la frontière entre le cauchemar et le réel.


Le scénario développe l’isolement.
Les hommes partent, chacun dans une direction différente, chercher de l’aide. Les femmes restent seules au centre, près de la caravane. La tension grimpe scène après scène : cas d’école, Alexandre Aja connait son cinéma. Avec les coupures de journaux, la compréhension, et la clef, est un peu trop prémâchée, c’est dommage, mais ce n’est pas trop mal rattrapé dans le rythme, avec l’agression soudaine du père, entraîné dans la mine.
Les chiens tiennent un rôle plus qu’important, prépondérant, ils déroulent tout le piège, subissent les premières attaques, et sont les premiers à contre-attaquer, à saisir les monstres à la gorge.


Alexandre Aja, pour sa première réalisation outre-Atlantique, s’amuse et récite sa leçon. Avec un peu de facilités parfois. Mais encore une fois, le résultat est plaisant pour les adeptes du frisson obscur et sanglant des horreurs qui dérangent. The Hills Have Eyes continue de promettre au réalisateur une belle carrière, et d’asseoir Alexandre Aja comme le faiseur d’angoisse pop-corn à suivre.


      Matthieu Marsan-Bacheré

Créée

le 15 juil. 2015

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