Aplati par un soleil acharné à cuire tout ce qui se passe à ses pieds, un camp disciplinaire britannique vit à en marge de la seconde guerre mondiale dans le désert de Libye.


L'armée de sa majesté y jette tout ce qu'elle considère comme déchet. Déserteurs, francs-tireurs, grandes gueules, bras cassés et insubordonnés se retrouvent prisonniers entre ces quatre murs. Des murs chauffés à blanc pour mieux dissoudre de l'intérieur les individus.


Gardiens de ce temple du redressement, des "gradés" ont pour mission de faire tourner en rond sa grouillante population de renégats. À Chaque jour son même rythme, son même circuit carcéral. Une redondance implacable visant à briser l'objet de leur incarcération. Et s'il le faut, tout un arsenal d'humiliations et de sévices est à la disposition de l'adjudant qui désire mettre en terre sa victime du jour.


Leur salut viendra par l'aliénation ou la soumission, avec au bout du regard épuisé une hypothétique porte de sortie vers le monde. Bien habile sera celui qui quitte le château car l'espoir est maigre dans le désert...


Mais cette armada de châtiments ne leur suffisait pas aux geôliers. Il leur fallait un outil de plus. Alors ils ont construit la colline. Le point culminant du domaine et de la déraison. D'abord la montée brûlante et ensuite le retour creusé pas à pas dans le sable. Un aller-retour en guise de récompense funeste pour le soldat révolté.


Taraudé par l'aboutissement de tout ce cirque infernal, des doutes s'installent chez un gardien. Et dans cette cellule infernale, une alliance se crée entre lui et une bande de bagnards, pittoresques et revanchards. Il faudra faire front et serrer les rangs entre les deux entités. L'une sans l'autre ne pourrait briser à elle seule les murs du silence tant l'isolement est total. Un enfer perdu entre des dunes sourdes.


Il s'en fallut de peu pour que les mutins réussisse leur exode. L'échappatoire était proche, à quelques foulée d'un pas libre de circulation. Le plan d'évasion était établi et l'issue de secours connue de tous.
Mais aucun homme ne peut accumuler autant de blessures et barricader son désir de vengeance. Et lorsque les positions s'échangent, que le dominé devient le dominant, il est impossible pour la victime de ne pas se faire bourreau à son tour. Inéluctable retour de maton.


Les murs bouillants ne seront pas apaisés. D'autres hommes viendront plier l'échine sous le soleil et ses disciples.

Liverbird
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le 13 nov. 2015

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Liverbird

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