Un Race très inférieur

Aussi incroyable que cela puisse être, la vie de Jesse Owens n'avait jamais intéressé Hollywood, avant ce Race qui sort en cette année olympique.

Un sujet en or que la vie de cet athlète noir qui défia Hitler lors des Jeux olympiques de Berlin et y triompha en remportant quatre médailles d'or, au nez et à la moustache du dictateur qui voyait ainsi ses grandes théories sur les races voler en éclat.
Un sujet en or pour un film réalisé par un tâcheron de Hollywood, Stephen Hopkins, qui a par le passé assassiné Predator dans Predator 2, avant de mettre fin à la carrière de Val Kilmer dans L'Ombre et la proie et de se recycler dans la réalisation d'épisodes de séries au kilomètre. Un pedigree qui témoigne d'un certain talent pour exécuter les ordres sans nécessairement y mettre la moindre ambition.
Il en fallait peu, du talent, pour sublimer le personnage de Jesse Owens, dont la simple évocation peut faire frissonner le premier amateur d'histoire venu. Stephen Hopkins réussit cet exploit et réduit ce fantastique destin à un fil rouge inintéressant d'un film qui n'a de cesse de faire des allers-retours entre petite et grande histoire.

Heureusement, deux autres projets

Incapable de choisir, il oublie de traiter son sujet et s'égare entre les aventures extraconjugales de Jesse Owens, les errements artistiques de Lennie Riefenstahl, la muse hitlérienne réalisatrice des Dieux du Stade, ou encore la corruption du monde sportif américain. Le comble reste que les quelques scènes de sport sont bâclées comme jamais, preuve supplémentaire du désintérêt pour son sujet. Même les nazis sont traités avec égard à travers le personnage de Josef Goebbels, sans doute le plus réussi du film. Et c'est bien là le comble.
Pourtant, en filigrane, on sent l'intention des scénaristes de comparer l'Amérique ségrégationniste des années 30 à l'Allemagne fasciste. On aimerait croire qu'ils souhaitaient de la nuance et de la finesse pour aborder ces temps troubles et ce défi qu'avait lancé Jesse Owens à Adolf Hitler. Mais il n'en est rien à l'écran.
Deux nouveaux films inspirés de la vie de Jesse Owens sont actuellement en préparation. Il sera difficile de faire pire que celui-ci.