Une imposante paire de lunettes sur les yeux pour contrecarrer sa myopie, timidité et gêne pudique ; plongée derrière sa machine à écrire Danielle « Dany » Lang (Samantha Eggar) a tout de l'archétype qu'on peut se faire de la secrétaire ordinaire de ce début d'année 70. Un soir de veille de 14 juillet son patron Michael Cadwell (Oliver Reed) lui demande s'il serait possible qu'elle passe la soirée chez lui, car il a besoin d'elle pour finir un dossier urgent pour le lendemain. Lors du trajet en voiture on apprend qu'elle entretient qu'un lien un peu plus que professionnel puisque son patron se trouve être également le mari de son ancienne amie et colocataire, Anita Cadwell (Stéphane Audran). Opposition entre ces deux femmes puisque si Danny en qualité de fille de pasteur est qualifié de « sainte Nitouche » par son ancienne colocataire cette dernière plus libertine n'hésite pas à tromper son mari avec deux jeunes gens à la fois. Ainsi on comprend que le temps a passé et que si ces femmes furent sans doute très proches par le passé, leur rapport se fait à présent plus froid se reprochant chacune le comportement de l'autre…
Le lendemain matin, la famille Cadwell se rend à l'aéroport d'Orly, Dany les accompagne, ils lui ont demandé de ramener leur voiture chez eux. La voiture ? Une belle et grande américaine que Dany a bien du mal à conduire dans les premiers instants ; ayant du mal à retrouver sa route elle se retrouve à présent sur une route la menant sur la Côte d'Azur, si elle tente dans les premiers temps vainement de faire demi-tour elle va vite succomber à une pulsion aventureuse, soutenu par la bande originale du film '' Je roule '' interprétée par Petula Clark sur la musique du grand Michel (comment ça Michel qui ? Bah je viens de le dire… Michel Legrand * ).
Seulement c’est à ce moment-là que les choses vont se compliquer, en effet elle ne va pas tarder à arriver dans une ville où on affirme l'avoir vue plus tôt dans la journée, elle aurait oublié son manteau dans un café, un gendarme l'aurait conduit dans un garage, car un de ses feu arrière ne marchait pas, garage où on affirme qu'elle avait un bandage à la main alors qu'elle vient justement de mystérieusement se la blesser…
À partir de là les événements vont se succéder et le mystère s'épaissir. Qui est vraiment Dany ? Sosie, machination, complot, schizophrénie, perte de mémoire, traumatisme, triangle amoureux, un rapport avec les mystérieuses statuettes africaines exposées dans le bureau de son patron ?Le film va prendre un malin plaisir à tromper le spectateur, le laisser émettre des hypothèses, prendre des fausses routes via les maigres mais précieux indices qu'il accepte de nous donner.
Au cours de son périple Dany fera également la rencontre d'un dénommé Philippe ou Yves-Marie ou Antoine (incarné par John McEnery) tout jusqu'à son nom est source de mystère, se permettant des techniques de dragues à ne pas reproduire chez vous ; il est pauvre en argent mais riche en parole citant des vers de Ronsard et sortant des maximes. Quelle est sa place dans cette histoire, fait-il pleinement partie du “complot” -pour reprendre ses termes à lui- qui s'orchestre autour de Dany ou bien est-il simplement un dommage collatéral qui s'est pris d'affection pour la mauvaise fille au mauvais moment ?
Si la résolution du film et du mystère un peu brouillonne et manquant peut-être un peu de vraisemblance aura peut-être causé la déception d'autres ; j'ai personnellement beaucoup aimé la façon dont le film via sa mise en scène, son scénario (il s'agit d'ailleurs de l'adaptation d'un roman éponyme de Sébastien Japrisot, qui serait nul autre (je le découvre) que l'auteur d'un Long dimanche de Fiançailles) s'amuse à tromper le spectateur et à lui faire suivre en quelque sorte un jeu de piste.
Un film qui sent bon également cette fin d'année 60 et de début des années 70 où la Côte d'azur jouissait d'une très grande popularité.
Un film enfin porté par l'incarnation de Samantha Edgar dans le rôle-titre, magnifique et charismatique, elle laisse peu à peu tomber sa coquille de citadine parisienne, prude et chaste pour laisser parler une femme forte parvenant petit à petit à reprendre le contrôle d’elle-même et garder celui des événements auxquels elle fait ici face.
*Veuillez excuser cette tentative hasardeuse d'humour j'écris ça comme ça me vient