Il y a des monstres qui ne disparaissent jamais. Ils changent simplement de visage...

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Il y a des monstres qui ne disparaissent jamais.

Ils changent simplement de visage.

La Disparition de Josef Mengele n’est pas un film sur la traque d’un homme, mais sur la lente décomposition d’une ombre.


Kirill Serebrennikov ne filme pas l’histoire — il filme l’après. Le silence qui suit la barbarie. Les jours gris d’un homme qui s’invente des rituels pour ne pas sombrer. Mengele, joué avec une inquiétante sobriété par August Diehl, ne fuit pas seulement la justice : il fuit le regard du monde. On le suit dans les rues moites de Buenos Aires, dans les forêts étouffantes du Paraguay, dans les plages ternes du Brésil. Partout, le soleil semble trop lourd, comme s’il voulait le brûler sans y parvenir.


La caméra reste à distance.

Elle ne cherche ni empathie ni condamnation.

Elle observe, comme on regarderait un animal blessé se débattre dans une cage invisible. Le monstre est là, mais vidé de sa propre fureur. Ce qui persiste, c’est l’homme, ou ce qu’il en reste : un corps qui vieillit, une mémoire qui se défait, une obsession maladive du contrôle.


Serebrennikov transforme cette cavale en parabole sur la culpabilité et la disparition. Le film avance lentement, à la cadence du remords qu’on refuse d’avouer. Chaque plan est une cicatrice, chaque silence un aveu. La musique, rare, agit comme une respiration étouffée. La lumière, elle, ne pardonne rien : elle éclaire trop, trop blanc, trop cru — comme si le monde entier attendait encore que cet homme soit vu, vraiment vu, pour ce qu’il a fait.


Mais ce que le film raconte, c’est aussi l’échec de cette attente.

Mengele meurt seul, noyé, anonyme, dans un pays qui ne veut plus se souvenir. Le mal s’éteint, mais il ne se rachète pas. Et dans ce vide, Serebrennikov inscrit quelque chose d’étrangement humain : la fatigue du bourreau. Ce n’est pas une rédemption, c’est une ruine.


Le film n’excuse rien. Il montre. Il écoute.

Et dans cette écoute naît un trouble : celui de voir le visage d’un homme quand il n’a plus rien à défendre. Le cinéaste russe, fidèle à sa manière, mêle la rigueur du biopic à la lenteur du poème visuel. Il y a du cendre, du vent, du sable. On sent la poussière du temps, la moiteur d’une chambre fermée, le bourdonnement d’un ventilateur qui tourne sans but.


La Disparition de Josef Mengele est un film sur la trace — ce qui reste quand tout devrait être effacé.

Et c’est là sa force : il ne cherche pas à comprendre le monstre, il nous oblige à regarder ce qu’il devient quand il n’y a plus personne pour le craindre.


Un film d’une froide beauté, sans complaisance, sans cri.

Un miroir tendu à ce que l’Histoire préfère taire.


Note : 15 / 20


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