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Tout commence par un cri, avalé par la mer. Une femme tombe — ou disparaît — et déjà le réel chancelle. Simon Stone filme La Disparue de la cabine 10 comme un cauchemar maritime, un huis clos saturé d’eau, de reflets et de mensonges polis. Le bateau, luxueux et vide, glisse sur un océan d’apparences : miroirs, surfaces vitrées, sourires de protocole. Rien ne bouge, tout tremble. Lo, la journaliste témoin du drame, devient l’unique battement de cœur d’un monde qui refuse de l’écouter.
Stone, héritier du théâtre et de la mise en scène frontale, enferme son héroïne dans une architecture d’angles et de reflets : la caméra longe les couloirs comme un animal en cage, la lumière ricoche sur les chromes, chaque plan respire le confinement. Le bruit du moteur devient une rumeur intérieure, et le clapotement des vagues un métronome pour la paranoïa. Ce n’est plus un thriller, mais une expérience sensorielle : une mer de verre, un temps suspendu, un soupçon qui s’étire jusqu’à l’épuisement.
Keira Knightley incarne cette solitude avec une précision presque maladive : elle tremble d’un œil, respire par éclats, s’efface à mesure qu’elle s’obstine. Autour d’elle, Guy Pearce, Gugu Mbatha-Raw, Hannah Waddingham semblent flotter comme des masques — figures d’un bal feutré où tout le monde sait, mais personne ne dit. Les dialogues sont rares ; le silence, lui, devient une arme.
Il y a dans ce film une beauté froide, un vertige lent : la disparition n’est plus un crime, mais une idée. Le doute se propage comme une brume, et le spectateur s’y perd avec délice. Quand le jour se lève enfin, on ne sait plus si quelqu’un est tombé — ou si c’est la réalité qui s’est dissoute, doucement, dans l’eau noire.
Ma note : 12 / 20
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