Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Le projet du film intrigue au premier abord, tout en plans subjectifs avec pour actrice principale Isabelle Carré ici rebaptisée Murielle filmée en plans subjectifs donc du point de vu François, l'homme qu'elle rencontre presque par hasard à une soirée, on ne voit que rarement son visage et il est tout à la fois l'amant, l'ami, le mari trompeur, le spectateur, les gens dans la rue et le réalisateur (le générique le fait apparaître comme « moi » devant son nom d'acteur et il est d'ailleurs le réalisateur du film). Voilà donc une idée alléchante des plans subjectifs, une vision propre d'un personnage et le regard qu'il porte sur les éléments. Or, ça s'arrête là et c'est bien là toute la déception.

Isabelle Carré a beau être belle, jouer l'enfant d'abord morale et se refusant à l'adultère avant de se complaire dans le côté pervers de sa relation (elle fantasme beaucoup pendant deux scènes, dont la plus intéressante du film peut-être, celle de leur escapade à la campagne et encore c'est pour trouver un intérêt au film), ça ne suffit pas et elle-même, pourtant surprenante dans beaucoup de ses films et notamment « Anna M » où elle avait déjà un quasi rôle unique, se perd dans l'obligation de surjouer parce-que la caméra se plante sur elle mais ne lui donne rien à dire, rien à faire. Le malaise du départ se justifie par le début de la relation cachée mais peu à peu c'est le malaise de l'actrice qui se trouve enfermée dans un film creux, cliché et aux dialogues d'une platitude sans fin qui se fait sentir et domine.

Pourtant, il y avait des éléments intéressants à exploiter, la douceur du visage d'Isabelle Carré, son jeu enfantin et instinctif, sa capacité à se réinventer de films en films mais aussi l'idée du subjectif qui fait qu'on est presque dans la peau de l'autre personnage et qu'on peut voir sans être vu et, c'est vrai, certains éléments sont exploités. C'est la fraîcheur de Murielle et de ses 22 ans, de ses nombreux amoureux qu'elle conte naïvement à celui qui la désir ouvertement avant de se laisser enfermer dans sa relation, de tomber amoureuse tout en voulant l’exclusivité et puis ces plans qui, tout en incluant le dialogue des personnages, et notamment de nombreuses scènes téléphonées avec toujours ce répondeur qui répète sans cesse « attention, ça va être à vous », développent une certaine esthétique : l’importance de la neige et de la nuit mais aussi l'idée de filmer les personnages autour, anonymes, ceux que, l'on croise sans les voir dans une vie, leur indifférence et leurs scènes atypiques, ça donne une petite forme d'intérêt au film qui fait qu'on reste quand même jusqu’au bout.

Mais justement on reste en surface de leurs vie tout comme on reste en surface de cette histoire d'adultère banale d'un homme très habitué à tromper sa femme et d'une fille très habituée à faire facilement l'amour avec les hommes qu'elle rencontre et trouve beaux, elle ne se donne d'ailleurs même pas la peine de prendre la pilule. Mais,au final, cette histoire ne nous mène nulle part, ne nous intéresse pas, c'est plan-plan, c'est cliché et dénué d'intérêt, les dialogues surtout, attendus, répétitifs et même la fin est attendue. Enfin, la fin est d'une exploitation intéressante, notamment pour l'hiver.

On sent que le film aurait pu réussir quelque chose mais qu'il l'a manqué, tombant dans la facilité du néant (parce-que c'est ça ce film, un néant abyssale dans lequel tombe l'histoire banale et les réactions attendues de tous), le film aurait pu mieux exploiter cette phrase, qu'il pense avoir exploité mais au travers de laquelle il passe complètement « mais la grâce d'être aimer de la femme qu'on aime ne dure pas, on ne l'hiberne pas, on la dilue dans le quotidien ou on la tue .... » et là où le film se termine, on aurait envie qu'il débute....

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le 22 nov. 2011

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eloch

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