La poésie et la Nouvelle Vague tchécoslovaque ont toujours entretenu une belle et grande histoire d'amour sans nulle autre pareil dans le Septième Art. Fantastique réponse au réalisme communiste, les artistes qui ont émergé de cette courte période de liberté artistique ont fait exploser toute leur vigueur et leur créativité. Qu'elle concerne les affiches de film souvent fantasques ou des scénarii endiablés, elle est le parfait témoignage d'une défiance au conformisme cinématographique dans lequel nous nous vautrons tout doucement.

La Tchécoslovaquie a ainsi trouvé son film à MacGuffin. Et il ne sera pas question d'un faucon (cf "Le Faucon Maltais) ou d'une jarre (cf "Sazen Tange") mais d'une fougère aux propriétés magiques. Jura, jeune berger, va croiser la route de cette plante dorée dans une forêt plongée dans la nuit noire et ponctuée de bruits animaliers et végétaux inquiétants. Par la suite, il rencontrera Ledanska dont l'origine est trouble. Devenant son ange gardien, il s'en énamoure mais la réalité de la guerre austro-ottomane les rattrapera. Jura, forcé d'être enrôlé dans l'armée, devra quitter sa belle qui lui aura préalablement mise la fougère dans sa veste afin qu'elle lui porte chance. Les temps passant, Jura verra son destin se sceller suite à sa rencontre avec la fille de son capitaine qui se jouera de lui, le manipulera. Quelles sont ses motivations ? Le fantasme de la manipulation psychologique ? Le désir de toute puissance ? Les caprices de petite bourgeoise ? Le mépris de classe face à ce simple berger ? Peut-être un peu de tout cela à la fois.

"La Fougère Dorée" est un conte à la fois tragique et fantastique sur la chute d'un simple homme devenu grand pour mieux retomber. Son atmosphère en dehors du temps couplée à un noir et blanc de toute beauté (véritable caractéristique de cette Nouvelle Vague) aident pour beaucoup à nous captiver. Et si la fausse bonne idée de rendre Jura antipathique et susceptible pourra agacer, ce n'est qu'un petit caillou dans la chaussure, surtout quand on voit le palmarès féminin dont la beauté et la sensualité ne peuvent que nous estomaquer. Une belle et franche réussite dont l'on espère une exploitation française.

MisterLynch
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Juste avec leur nom, ces films vous donnent envie de les voir

Créée

le 24 juil. 2023

Critique lue 2 fois

MisterLynch

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur La Fougère dorée

La Fougère dorée
MisterLynch
8

MacGuffin végétal

La poésie et la Nouvelle Vague tchécoslovaque ont toujours entretenu une belle et grande histoire d'amour sans nulle autre pareil dans le Septième Art. Fantastique réponse au réalisme communiste, les...

le 24 juil. 2023

Du même critique

Malmkrog
MisterLynch
4

Que tout ceci est époustouflifiant !

Au démarrage de cette critique, je suis à la fois confus et déçu. Confus parce qu'il m'est bien difficile de mettre des mots sur ma pensée et déçu parce que Cristi Puiu était considérablement remonté...

le 25 juil. 2021

4 j'aime

9

Ménilmontant
MisterLynch
9

Là où tu iras, il n'y a pas d'espoir

Ce n'est que tardivement que j'ai connu Dimitri Kirsanoff dont j'eus le plaisir de faire un démarrage en fanfare dans sa filmographie. Ménilmontant c'est avant tout une entrée en matière d'une...

le 5 mars 2021

4 j'aime

1

From What Is Before
MisterLynch
8

Un léger bruit dans la forêt

Mes débuts avec Lav Diaz ne s'étaient pas du tout déroulés comme je le pensais. Avec "Norte, la fin de l'histoire", je sortais épuisé et déçu de cette séance qui n'eut pour moi qu'un intérêt proche...

le 19 févr. 2021

4 j'aime