Ce film presque inconnu comporte TOUS les élements que les amateurs de films noirs puissent jamais rêver voir réunis dans un seul film: Le chicago des annes 50, du jazz et des tubes des annees 50 plein la bande son, des ruelles nocturnes aux trottoirs mouillés, des rues jonchées de clubs aux néons rutilants, des bars bruyants ou se jouent des numeros de strip-tease avec des cache-tétons et des plumes, une salle de boxe enfumée qui acceuille des jeux clandestins et ou trone un vieux téléphone mural toujours occupé, un métro aérien qui étincelle au dessus d'un couple qui s'embrasse, des costumes superbes, des grosses voitures anciennes…
Et l'atout majeur du film est le couple Matt Dillon et Diane Lane, deux des plus fascinants sex-symbols de l'époque au sommet de leur éclat et soutenus par un casting exceptionnel qui inclue Tommy Lee Jones, Bruce Dern et Tom Skerrit.
Si vous etes cinéphile et aimez apprecier le travail des differents metiers qui constituent ensemble l'artisanat du cinema (repérages, regie, costumes, lumiere, direction etc.) vous trouverez dans ce film le couscous royal du film-noir!
Mais le script, helas trop vert, vous empechera d'apprecier pleinement les qualites mentionees si dessus. Quel domage car The Big Town est litteralement le dernier volet de la trilogie des jeux de table du producteur Martin Ransohoff: The Hustler était un jeu de billard, The Cincinnati Kid était un jeu de poker, et maintenant, il y en a un pour les dés et le craps.
Le scenario offre pourtant de bonnes idees (comme la back-story du personage de Bruce Dern, l'ébauche de femme fatale qu'est le personage de Lane, et l'ébauche d'un "vilain" interessant) mais elles sont malheureusement toutes sous-exploitées. Les auteurs n'ont pas reussi a utiliser de facon marquante les archetypes de ce genre ou les personages sont supposés tisser leur propre perte. Le troisieme acte est baclé, et la conclusion trop hative et facile, ce qui fait oublier beaucoup des bonnes idées introduites auparavant. Cette version du script aurait vraiment gagnée à passer par un script-doctor compétent afin d'en ameliorer le cachet, l'impact, et surtout la noirceur.
Autre probleme, la réalisation: elle est recherchée, inventive, et clairement le travail d'un amoureux du genre, mais elle manque elle aussi terriblement de "grit" (ce coté moite, sordide et pervers qui est la marque du genre), ce qui fait que le spectateur ne trouve pas la tension et le sex-appeal que le genre lui promet, et les failles du scenario endeviennent encore plus visibles. Il aurait fallu une realisation plus voyeuristique et cruelle pour faire de cette production cet homage moderne au film-noir initialement voulu.
Pour conclure, cette série B complètement oubliée offre malgre son petit budget une reconstitution magnifique des années 50 et un pastiche des films noirs des années 40 avec la liberté supplémentaire qu'offraient les annees 80. Mais le produit final est terne et fade pour deux raisons: #1 le script sous-écrit #2 la realisation trop proprette. Domage, mais meme dans cet état, voila une série B qui est a mes yeux LARGEMENT supérieure à The Color of Money, la suite completement nulle du chef-d'œuvre de Rossen The Hustler.
PETIT TUYEAU: Si vous etes amateurs des grands films noirs des annees 40, ne ratez pas ce guilty pleasure méconnu de 1987 qui reste est très sous-estimé! Et peut-etre checkez aussi "This world then the fireworks", une autre serie B souffrant tout autant de son script sub-par, mais toute-aussi sous estimée.