La Grande Bellezza, est un film majeur dans ma cinémathèque. Sa narration discontinue, voir déconstruite, fait de lui un film difficile à suivre où le spectateur se noie dans un océan d'images.
Pourtant... il y eut un avant et un après le visionnage de ce film.
La ville de Rome, écrin dans lequel évoluent les personnages se prête particulièrement bien aux jeux d’aller-retour dans la narration. Ville antique, elle mélange passé et présent dans un style unique qui étouffe l'avenir.
Jep fête ses 65 ans, il est le roi des mondains et sa seule réussite est d'avoir écrit une œuvre de jeunesse "L'appareil humain". Cet homme à la sensibilité affleurante, part en quête de lui-même à l'issue de la soirée, découvrant que son existence tourne en rond sans répondre à une orientation fondamentale à laquelle il inspire.
S'ouvre alors un chemin de recherche où l'amitié jouera un rôle fondamental... Cependant, à la question ô combien philosophique "Qui suis-je", ce sera toujours des personnages féminins qui insuffleront à Jep l'élan nécessaire pour une réponse personnelle.
Quête philosophique, quête spirituelle, quête humaniste... Elle le mènera aux racines d'une blessure profonde, qui le paralyse depuis des décennies et qui lui a ôté toute inspiration artistique. La grande beauté qui se cache dans ce film, se trouve au niveau d'une blessure profonde non-assumée qui s'élucidera dans un assemblage d'idées et de souvenirs sous la forme d'une conviction personnelle qui clôture le film :
Ça finit toujours comme cela, par la mort. Mais avant, il y a eu la vie. Cachée sous du blablablaaa… tout est sédimenté sous les paroles, et le bruit. Le silence, et le sentiment. L’émotion, et la peur. Les rares fugitives éclaircies de beauté. Et la tristesse disgracieuse et l’homme misérable. Tout recouvert par le manteau de la gêne d’être au monde. Ailleurs, il y a l’ailleurs. Je ne m’occupe pas de l’ailleurs. Alors, que ce roman commence. Au fond, ce n’est qu’un truc.