Bon, au moment où j'écris ces lignes, je n'ai vu que Il Divo et le présent film, mais ça me suffit pour dire très officiellement que Paolo Sorrentino est sans doute le meilleur cinéaste italien en activité.
La Grande Bellezza, lettre d'amour (vache) à Rome, ville musée grouillante et pleine de palais vides, où la moindre fontaine est un morceau d'histoire, et à la faune d'happy few qui s'y croisent, frayent avec des stars télés, des reliefs de haute bourgeoisie ou des représentants de l'Eglise, et s'enivrent autant qu'ils se font chier dans des fêtes sans fin... Une description qui conviendrait tout autant à La Dolce Vita de Fellini, film auquel on pense immanquablement (Ca finit même pareil), d'autant que Sorrentino se permet de petits délires et de menues provocations qui n'auraient pas déplu au maestro Frederico. En fait, ce film est une version moderne de La Dolce Vita, la seule différence étant que si l'inconséquence des microcosmes Jet Set représentés était, chez Fellini, une nonchalance cool purement 60's, elle ne relève, chez Sorrentino, que du cynisme.
Ah, et Toni Servillo, si son personnage est à l'opposé de celui d'Il Divo (tant en caractère qu'en aspect physique), est juste mortel.
Bref, c'est hautement sympa, pas forcément original dans son propos mais bien fait, oscillant sans cesse entre le poétique et le vachard sans pour autant nous perdre...
(Et puis ça fait toujours plaisir de mater un film, de voir un bout de décor et de se dire "Ah, tiens, là, j'y étais, ça, je l'ai vu"...)