“Jusqu’à ce que la mort les sépare”

Ivy et Theo se rencontrent pour la première fois à Londres. Coup de foudre, cuisine et dépendance. Mais 10 ans plus tard, après un déménagement aux Etats-Unis, deux enfants et des carrières en dents de scie, c’est le début de la fin.

Si ce titre et ce synopsis ne vous évoquent rien, c’est que vous êtes passés à côté de l’un des films les plus provocateurs de la fin des années 80. Inoubliables étaient ses scènes extrêmes de la vie conjugale, où l’on démolissait tout un foyer en urinant dans les plats, mangeant du pâté « pour » chien et se balançant les pires vacheries, suspendus à un lustre… Avocat du diable, Dany DeVito assistait, médusé, à la liaison fatale entre Michael Douglas et Kathleen Turner, renonçant définitivement à des noces de diamant vert. Cruel et caustique, l’humour poussait très loin la profanation des liens sacrés du mariage. 35 ans plus tard, que sont-ils devenus ?

Un couple « soooo british » pour commencer. Si Benedict Cumberbatch et Olivia Colman passeraient plus facilement pour frère et sœur plutôt que conjoints, leur talent fait la différence. Face à la vulgarité américaine, tous deux s’invectivent avec cette élégance anglaise qu’on leur connaît, débit de mitraillette et accent châtié au menu. Aujourd’hui c’est Madame qui rapporte l’argent. Cheffe à succès, elle fait bouillir la marmite, tandis que son mari architecte a sombré après une tempête. Homme au foyer désespéré, Theo cache mal sa frustration face à la réussite d’Ivy, qui l’empoisonne à petit feu. Ni les amis, ni les psys ne sauront les raisonner. La guerre est déclarée. Mais comme les Rose le reconnaissent, ils sont bien plus épineux dans les mots que dans les actes. Leurs vengeances respectives se contentent d’être du réchauffé en comparaison de l’audace de leurs aînés. « Ne me quitte jamais, sauf si tu m’as tuée avant », clame l’épouse dans une déclaration d’amour extrême. N’osant aller jusqu’au bout, c’est finalement la domotique qui viendra chanter à l’oreille du couple le sacro-saint : « Jusqu’à ce que la mort vous sépare ».

(6.5/10)

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