La La Land, are you shining just for me ? Certainement pas !

Après avoir longtemps hésité à vous parler de ce film, je me résous enfin à écrire une critique dessus. Pourquoi cette hésitation ? Tout simplement parce que j'ai été tellement subjugué à tout point de vue par ce chef d'oeuvre que j'en ai perdu mon vocabulaire. Ca vous arrive, à vous aussi, d'avoir tellement aimé un film qu'au final vous n'avez pas grand chose à dire dessus de pertinent, mis à part que vous êtes restés scotchés à votre siège pendant toute la durée de la séance, et qu'une fois fini, vous n'aviez qu'une hâte : celle de le revoir immédiatement ? La La Land m'a fait exactement cet effet. Je suis d'ailleurs retourné le voir 2 jours après le premier visionnage, ce qui ne m'était jamais arrivé auparavant.


Je n'aime pas particulièrement les comédies musicales, mais ce film, je l'attendais comme le messie, et je ne saurais trop dire pourquoi. Ah si, peut-être que le fait de m'être passé la bande originale en boucle plusieurs semaines avant la sortie du film en France a très certainement joué un rôle. Il y a également le fait que les deux acteurs se partageant l'affiche font partie de mes acteurs préférés du moment (Emma Stone, je t'aime <3 ). Bien sûr, il y a tout le battage médiatique et le succès sans appel du film aux Golden Globes et son record de nominations aux Oscars aussi. Enfin, mon goût pour les romances que j'assume entièrement a également contribué à ma présence dans la salle le jour de la sortie de La La Land.


Du coup, avant la séance, j'étais très impatient et en même temps stressé : Et si j'étais déçu ? Et si tout ça n'était qu'un feu de paille ?


Mais dès la scène d'ouverture du film, une chorégraphie magistrale filmée en plan-séquence sur une autoroute embouteillée, je suis immédiatement convaincu que je vais passer un très bon moment. Surtout que la chanson "Another Day of Sun" est très réussie. Au cours de la séquence, j'ai même quelques frissons de plaisir, tant la musique et ce qu'on voit à l'image me touche et me transporte.


La suite est tout aussi bien. Alors, certes, l'histoire est plutôt simpliste et ne révolutionne absolument pas le genre de la romance. Mais est-il nécessaire que le scénario soit complexe pour s'extasier devant un film ? Je suis plutôt d'avis que non. Sauf lorsqu'il y a un vide scénaristique immense, mais ce n'est pas du tout le cas ici.


Emma Stone et Ryan Gosling tiennent là le rôle de leur vie (pour l'instant en tout cas). Leur performance est tout bonnement exceptionnelle. Au delà de la prouesse vocale et chorégraphique qui est évidemment à glorifier, leur jeu d'acteurs est tout simplement parfait, en particulier celui d'Emma Stone. Quant à Ryan Gosling, il a également appris à jouer du piano pour le film par le biais de cours intensifs pendant plusieurs mois, si bien que ses performances au piano dans le film sont réalisées sans trucage. Respect Monsieur ! La présence de John Legend, qui nous offre un morceau très réussi pour l'occasion, est également à saluer. Mais il n'est pas étonnant de voir à quel point Emma Stone et Ryan Gosling éclipsent totalement les autres acteurs. Les seconds rôles sont de tout petits rôles, y compris celui de JK Simmons (qui avait pourtant été récompensé aux Oscars pour son rôle de professeur de batterie tyrannique dans le précédent film de Chazelle). Cela ne m'a pas particulièrement gêné.


Le thème du film, prétexte pour rendre hommage au cinéma et au jazz, est lui aussi très intéressant. Ainsi, les protagonistes vont être tiraillés pendant tout le film entre le choix du coeur ou celui de la raison : poursuivre son rêve coûte que coûte (devenir comédienne pour Mia, ouvrir un club de jazz pour Sebastian) au détriment d'une situation stable ou accepter quelque chose qui ne correspond pas à ses aspirations, mais qui paye bien. L'oeuvre est ultra-référencée : Damien Chazelle nous montre qu'il connaît parfaitement ses classiques du jazz et du cinéma hollywoodien (Casablanca et La Fureur de Vivre sont cités explicitement dans le film, entre autres).


Les chansons, très présentes au début du film, donnent lieu à des scènes formidables qui font inévitablement penser aux comédies musicales des années 50. Au fur et à mesure que le film gagne en gravité, ces scènes se font plus rares jusqu'à la séquence finale qui vous laissera bouche bée.


Au premier visionnage, j'étais plutôt déçu que les deux héros ne finissent pas ensemble et je déplorais cette sad end, mais avec le recul et après un deuxième visionnage, je me suis rendu compte que cette fin était tout simplement logique et belle en soi car Mia et Sebastian ont réalisé leur rêve même si cela s'est fait au détriment de leur relation. Les deux ne pouvaient réussir qu'au prix de certains sacrifices, et c'est pourquoi en réalité c'est la meilleure fin possible, si on comprend où voulait en venir le réalisateur.


En dehors de ça, le film se permet même quelques petites pointes d'humour, qui font mouche à chaque fois.


L'accoutrement de Sebastian lorsqu'il se retrouve dans un groupe reprenant les tubes des années 80 ou la séance chez le photographe sont des moments très drôles.


Quelle maîtrise de Damien Chazelle, qui à 32 ans seulement (un âge de bébé pour un réalisateur) compte déjà deux films sur trois acclamés par la critique et les spectateurs. Il est déjà grand, il a tout pour devenir un monument du cinéma américain. Son sens du détail, son attention portée aux costumes, aux décors, à la photographie et bien sûr à la mise en scène prouvent déjà qu'il est très bien entouré, mais surtout qu'il a déjà une très grande maturité.


La La Land est donc un bijou cinématographique, il serait dommage de passer à côté. Je l'ai déjà classé dans mes films cultes, et suis certain que je vais le voir et revoir encore et encore, c'est que le début, d'accord, d'accord.

Créée

le 31 janv. 2017

Critique lue 727 fois

29 j'aime

15 commentaires

Albiche

Écrit par

Critique lue 727 fois

29
15

D'autres avis sur La La Land

La La Land
blacktide
9

Le crépuscule des rêves

Comment pouvais-je me douter que le slogan « Plus de passion, plus d’émotions » de mon interminable attente allait esquisser mon jugement quant à l’inévitable fascination prédestinée à ce rêve de...

le 8 févr. 2017

162 j'aime

35

La La Land
Velvetman
7

One from the Heart

C’est comme un ogre qui dévaste tout sur son passage ou un rollercoaster qui aplatit la moindre parcelle de bitume : le dernier film de Damien Chazelle, et la hype qui l’entoure, sont connus de tous...

le 21 janv. 2017

160 j'aime

4

La La Land
Gothic
8

Il faut sauver le sol de Ryan

Damien Chazelle ne s'est pas doré la pilule. Car la véritable performance avec son La La Land, c'est d'avoir donné le la en mettant facilement tout le monde au sol et au diapason, pour un résultat...

le 5 févr. 2017

123 j'aime

19

Du même critique

Tenet
Albiche
8

Tenet bon (très bon)

Alors que sur les réseaux sociaux, la bataille cinéphilique qui opposait les plus fervents admirateurs de Christopher Nolan à ses détracteurs les plus motivés semble s'être enfin calmée, je ne peux...

le 26 déc. 2020

62 j'aime

16

Les Misérables
Albiche
8

Comment ne pas être un pitbull quand la vie est une chienne ?

Difficile de se sentir légitime d'écrire une critique sur ce film, quand comme moi, on a vécu dans un cocon toute notre vie, si loin de toute cette violence et de cette misère humaine si bien décrite...

le 26 nov. 2019

56 j'aime

8

Game of Thrones
Albiche
10

"That's what I do. I drink and I know things."

Ma critique ne comportera quasiment aucun spoilers et ceux-ci seront grisés, vous pouvez y aller sans risque si vous n'êtes pas encore à jour dans la série. Cette critique a été écrite avant que la...

le 28 août 2017

55 j'aime

32