Le soleil brille, les pool parties s'enchaînent, et l'art est au centre de tout : bienvenue à Hollywood, où les seuls problèmes dans la vie sont des péripéties sur le chemin de carrières virtuoses et des amours impossibles ! Et oui, La La Land fait partie de cette catégorie de fims où la capitale du cinéma se contemple avec narcissisme dans un exercice masturbatoire d'auto-promotion. Marchant dignement dans les traces d'Argo - qui avait un peu de caractère, à défaut de nuance -, et tout particulièrement de The Artist, il ne recule devant aucune niaiserie, devant aucun cliché flatteur.


Certes, tout divertissement n'a pas vocation à ressembler au cinéma de Ken Loach. Le but ici est d'éteindre son cerveau, de se laisser bercer par la bonne humeur tête à claques, et de s'émerveiller comme il faut des simagrées de préparation, à la danse, au chant et au piano, des deux têtes d'affiche. Et, très sincèrement, la mayonnaise prend, pendant les trois premiers quarts du film. On se laisse aller à apprécier ces numéros cinétiques et colorés, et ces décors chatoyants, malgré l'ensemble sirupeux. Damien Chazelle - auteur-réalisateur, comme pour le superbement viscéral et élégant Whiplash - tient même un fin parfaite, juste ce qu'il faut de fin et de doux-amer.


Et là, c'est le drame.


Les quinze minutes de trop que dure La La Land sont catastrophiques. D'abord, parce que le film essaie d'avoir le beurre et l'argent du beurre, en offrant une histoire alternative qui, même si elle est fausse, est là pour faire plaisir à tout le monde. C'est pauvre et putassier. Ensuite, parce que Chazelle se vautre en beauté avec toute la lourdeur possible dans un bouquet final de romantisme malsain comme seule Hollywood sait le faire.


Il y avait un bon film à faire avec La La Land, étant donné le talent visuel de Damien Chazelle, le charme infini d'Emma Stone et la nonchalance assumée de Ryan Gosling. On aurait pardonné la ressemblance insipide avec Café Society. Et pourtant, le résultat est aussi lisse et sucré qu'une Chuppa Chupps. Son succès devrait être total aux Oscars.

Manutaust
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le 31 janv. 2017

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Manutaust

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