Dès les premières images avec ce vieux Technicolor et cinémascope d'antan, j'ai été comme aspiré. Le cinéma, la musique, l'amour, la vie...Tout était réuni. Véritable ode à l’amour et à la vie, Damien Chazelle développe avec ce film une réflexion vraiment déchirante sur la vie et sur la nature même du spectacle. A trente ans,Damien Chazelle a déjà tout compris du cinéma. C'est cette magnifique magie qui nous envahi lors de la vision de ce film. Je ne savais rien lorsque je l'ai vu pour la première fois au cinéma le premier mercredi de sa sortie. Rien qu'avec la scène d'introduction dans ces interminables embouteillages de Los Angeles, j'étais sûr : j'allais aimer. Ca n'a pas loupé. Je suis sorti de la salle abasourdi , heureux et ébloui. Véritable " ovni" cinématographique, ce film m'a "emporté " une seconde fois hier alors que je savais à quoi m'attendre cette fois. C'est là où c'est encore plus fort ( d'autant plus avec un magnifique blu-ray ). Lalaland est un grand moment de cinéma doublé d’une magnifique histoire d’amour. L'histoire est assez classique. Sebastian, pianiste talentueux, espère pouvoir ouvrir son propre club de Jazz. Mia écume les castings d’Hollywood mais sa carrière ne parvient pas à décoller. En attendant de pouvoir réaliser leurs rêves, Sebastian joue des chansons de Noël dans un restaurant et Mia sert des cafés. Autour de cette histoire, tous les hommages aux films anciens sont assumés et le plaisir de faire du cinéma transperce dans chaque scène. Tout est beau, gracieux et joyeux. On assiste à la fois à une histoire d'amour qui commence et une histoire d'amour qui finit. La La Land est une merveille de cinéma qui renouvelle la comédie musicale en rendant hommage à ses pairs. A la fois hommage au cinéma de Gene Kelly, Ginger Rogers , West side story (avec les faux ralentis)et aux films de Jacques Demy, le film nous donne envie de fredonner " City of Stars " en improvisant un pas de danse . Les deux acteurs principaux forment une alchimie indéniable. Damien Chazelle a le don de donner des couleurs au cinéma. Il aura bataillé pendant six ans pour voir son film sur grand écran. Sa caméra virevoltante s’affranchit des lois de la pesanteur. Tout est à la fois magique et délicat. Puis, quelle méditation sur la solitude de l'artiste et son difficile rapport au monde réel, ce sacrifice secret dont toute réussite sociale est le signe. Après de tels modèles comme les comédies musicales que sont "Chantons sous la pluie" , "Tous en scène" ou "Un Américain à Paris", Damien Chazelle nous propose un spectacle total, à la fois visuel et sonore, doublé d’une histoire d’amour terriblement belle et romantique. La La Land a tout du classique instantané. Naturellement, Ryan Gosling et Emma Stone chantent et dansent avec un talent euphorisant .Ils illuminent de bout en bout la pelliculle. Que dire du travail de mise en scène avec ces effets de montage pour simuler un retour en arrière histoire d'introduire le personnage de Ryan Gosling ou cette fin alternative avec ce "terrible" retour en arrière dans une séquence finale déchirante, traversée de regrets quand on pense à ce qui aurait pu leur arriver. Cette dernière scène du film où la mélancolie emporte dans un tourbillon nos deux protagonistes vers une vie rêvée et idéalisée est bouleversante. Ces cinq années ne pourront jamais être rattrapées. Dès l'introduction, Damien Chazelle met le paquet en nous proposant un énorme plan séquence d'une incroyable fluidité avec cette séquence sur le bord d’autoroute qui voit tous les automobilistes sortir de leurs voitures pour danser et chanter leur amour de la musique. Puis, alternent des séquences bien différentes pour chacun des protagonistes plus virevoltantes avec une volonté de se faire remarquer comme ce passage musical avec les colocataires d' Emma Stone ou plus calme en donnant l'impression de glisser comme la scène sur le ponton avec Ryan Gosling. Il nous surprend aussi comme avec cette scène aérienne , comble du romantisme au Griffith observatoire( celui de "La fureur de vivre") que j'ai adoré visiter ou avec l'horrible son de cet iPhone qui vient rompre un ballet amoureux ou encore avec cette pellicule de "La Fureur de Vivre" dans le petit cinéma qui brûle au moment décisif où vont s'embrasser nos deux héros. Damien Chazelle aime bien les ruptures de ton avec des sons quotidiens . La structuration de son film est aussi ironique, puisque le déroulement des saisons voit défiler un climat constant propre à Los Angeles. Quel travail pertinent sur les décors aussi! Alors que les fresques des stars sont le décor des chambres ou des façades ( je pense à Casablanca avec Ingrid Bergman ou La fureur de vivre) , les deux héros du film sont voués à devenir eux-mêmes des affiches ou des enseignes. A noter ce passage très drôle aussi sur la pop des années 80 avec A-ha et son tube. La La Land, c’est un bel hommage à l’âge d’or d’Hollywood et ses comédies musicales, mais c’est également une belle et touchante histoire d’amour. Cette pellicule du film qui déraille au moment où Mia et Sébastien allaient s'embrasser, quelle idée géniale ! Le numéro de claquettes entre Mia et Sébastien sur les hauteurs de Los Angeles où il est difficile de ne pas penser à Chantons sous la pluie est mémorable. C'est d'ailleurs la scène choisie pour faire cette magnifique affiche. On rit sur la séquence musicale entre Mia et ses amies qui veulent la faire venir à une fête. Il faut revoir ce film souvent pour pleinement profiter de tout ce qu'il a à dire et à faire ressentir. Le duo Ryan Gosling \ Emma Stone est en parfaite osmose et offre à La La Land une force indubitable. Quelle effervescence de couleurs dans les costumes, les décors ! La première moitié du film est joyeuse et émouvante.Certes, Los Angeles est la ville des rêves qui se réalisent, mais à quel prix ? La vie parfaite que l'on peut s'imaginer dans les meilleurs moments ne restera qu'une douce utopie. Le film est parsemé de chansons toutes plus belles les unes que les autres.Les couleurs évoluent également passant progressivement d'un vif éclat, très typés années 50 à une dominante grise assez terne reflet de notre quotidien. Les musiques sont féeriques. Le cadrage et la photographie irréprochables. Les jeux de lumière sont d'une véritable beauté et toutes ces couleurs ont une signification bien particulière , définissant à chaque fois dans quel état se trouve tel ou tel personnage. À titre d'exemple prenons cette robe jaune que porte Mia dans la plus belle séquence du film, elle veut tout simplement être remarquée et illuminer Los Angeles . Ce film marque la troisième collaboration entre Ryan Gosling et Emma Stone après Crazy, Stupid, Love (2011) et Gangster Squad (2013). En américain, l'expression " La La Land " désigne le quartier d' Hollywood à Los Angeles, ainsi qu'une situation déconnectée de la réalité. Oscar du meilleur réalisateur pour Damien Chazelle et de la meilleure actrice pour Emma Stone, ainsi qu'une double consécration pour le compositeur Justin Hurwitz (meilleure musique et meilleure chanson originale pour City of Stars), le film n'a pas obtenu l'Oscar du meilleur film. Le vainqueur de la catégorie cette année-là était le film Moonlight. Quel dommage ! Il faut savoir qu'à l'origine du projet Miles Teller et Emma Watson devaient tenir les rôles principaux du film. La La Land se finit par un regard dans l' entrebâillement d'une porte , ultime signe d'une passion dévorante, d’un amour qui doit laisser place au bonheur de l’autre. Tous les deux sont indissociables. Sans leur improbable rencontre, ils n’auraient pas eu le courage de passer le cap pour arriver à réussir leur rêve. On est à la fois content pour les deux comme on est triste.On voit que Mia et Sébastian ne sont plus ensemble, mais chacun a fini peut-être par atteindre ce qu'il souhaitait.

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le 1 mars 2019

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