Pour son livre La Maison, Emma Becker était devenue une infiltrée dans une maison close de Berlin. La même démarche que celle de Florence Aubenas dans Ouistreham, mais dans un contexte tout autre, évidemment, qui posait des questions de jugement et de morale, selon la sensibilité de chacun. Une adaptation au cinéma n'avait rien d'évident, et la première chose qui manque au film de Anissa Bonnefont, c'est clair d'emblée, est sa dimension littéraire, qu'aucune voix off ne saurait remplacer, le long-métrage n'en abuse pas d'ailleurs. Et au lieu des mots, des images, dans un érotisme soft et propre qui colle finalement pas trop mal avec ce qu'écrit Emma Becker dans son ouvrage, soit une vision de la prostitution qui lui est très personnelle en faisant la part belle à la vie en commun de ces femmes plutôt épanouies et privilégiées par rapport à certaines de leurs consœurs. Emma fait état de son expérience et n'a pas la prétention, dans son témoignage, de livrer une analyse fouillée de ce que représente le plus vieux métier du monde dans la société. Ni sale, ni seule, Emma se veut femme libre de ses désirs et chacun en pensera ce qu'il voudra, n'est-ce pas ? Parfois répétitif et inégal dans sa mise en scène, le film peut compter sur une Ana Girardot exceptionnelle dans une performance culottée, si l'on ose dire. Les participations de Aure Atika et de Rossy de Palma ajoutent une tonalité intéressante alors, qu'en revanche, la scène avec Philippe Rebbot, censée être drôle, provoque plutôt un sentiment de gêne. Ce qui n'est pas vrai pour le reste du film, qui prend finalement peu de risques de peur de choquer, vraisemblablement.

Cinephile-doux
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le 17 nov. 2022

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