janv 2012:

Un des premiers Moretti, un tout jeune Nanni Moretti et sans doute faut-il y voir quelques défauts de jeunesse dans le montage et dans le scénario car le film tourne en rond à l'heure de jeu. Certaines scènes (notamment la rixe pour la place de stationnement) sont nettement dispensables. Quelques longueurs ici ou là affaiblissent la lecture d'un récit pas toujours évident et précis. Le public peut s'y perdre à suivre toutes ces historiettes annexes qui viennent perturber ce pauvre prêtre en pleine dépression.

A la fin du visionnage, j'étais perplexe. A travers cette déclinaison de personnages divers qui viennent un à un élargir la faille intime du personnage joué par Moretti lui même, qu'est-ce que le cinéaste veut nous signifier?

Est-ce l'inextricable sac de nœuds auquel l'Église, la foi, la place de Dieu dans nos sociétés occidentales se trouvent confrontés qui est ici décrit? Ce prêtre se trouve-t-il face à un mur d'incompréhension constitué brique par brique par les milles et une névroses que les humains, devenus de nos jours des individus à part entière, posent là devant ses yeux inaptes à les voir autrement que comme des sacrilèges d'impies? Est-ce l'inaptitude des religieux à comprendre le monde actuel? Est-ce l'extrême difficulté qu'on beaucoup d'entre nous à accepter que la planète tourne, que les comportements évoluent?

On a en effet la nette vision d'un homme ébranlé par le fait que le monde qu'il a connu a cessé d'exister. Les églises se vident, les curés quittent leur sacerdoce pour fonder des familles, les femmes veulent avorter, les papas abandonnent les foyers et les mamans s'éteignent. Tout s'écroule autour de lui dans un insupportable chaos. Il ne parvient pas à s'inscrire dans aucun des mouvements du monde, que ce soit dans une partie de foot avec des gamins ou lors d'un procès au tribunal : il est comme déconnecté de l'univers des hommes. C'est assez bien fait.

Souvent je me suis enthousiasmé, reconnaissant par ici la pirouette scénique, le style faussement froid, plein d'humour de Moretti, mais dans la dernière demi-heure, on a tôt fait de ressentir une certaine lassitude. Le film se répète. On a compris. Certaines scènes paraissent alors trop longues. C'est dommage.

Un film inégal, une tentative pas toujours heureuse.
Alligator
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le 20 avr. 2013

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Alligator

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