Contrairement à ce que certains ont pu dire, "Halloween" n'a pas inventé le genre du teen-slasher. On en retrouvait déjà des bases dans le canadien "Black Christmas", et une origine dans les gialli transalpins. Mais en 1978, John Carpenter a donné au genre ses lettres de marques, et a iconisé ses caractéristiques emblématiques.


Un environnement de banlieue américaine proprette. Un tueur aussi lent qu'impitoyable, aussi muet que dangereux, disposant d'accessoires esthétiques et d'armes qui lui sont propres (un masque, une tenue noire, et un couteau de cuisine). Des protagonistes étudiants ou lycéens lubriques/drogués/alcoolisés (rayez la mention inutile) qui campent des victimes idéales. Des scènes de meurtre ou de stalking en vue subjective. Une BO lancinante.


Autant d'éléments qui seront resucés jusqu'à l'os dans les moult suites de "Halloween", et les innombrables teen-slashers (très souvent médiocres) qui écumeront les années 80, et même au-delà. Jamie Lee Curtis, dans son premier rôle au cinéma, deviendra d'ailleurs une habituée du genre et héritera du titre de "scream queen". Quant à Donald Pleasence, qui incarne un psychiatre obsédé mais somme toute attachant, ce rôle relancera sa carrière. La légende raconte que son rôle fut proposé d'abord à Christopher Lee, qui déclina et précisa par la suite que ce refus avait été la plus grosse erreur de sa carrière...


Toutefois, il ne faut pas réduire le "Halloween" de 1978 au lancement d'un genre. John Carpenter fait preuve d'un réel talent pour distiller l'horreur dans un univers a priori tranquille, exploitant les rues spacieuses, mais aussi les immenses maisons typiquement américaines et leurs placards et escaliers à foison. Le tout avec un budget pourtant très modeste et une production indépendante (pour l'anecdote, le masque de Michael Myers est un produit dérivé "Star Trek" acheté en boutique -un masque du capitaine Kirk peint en blanc !). Le réalisateur, adepte du huis-clos et paradoxalement du format d'image très large, utilise la pénombre et l'obscurité pour donner à son personnage de Michael Myers un statut de véritable ombre maléfique.


Car c'est bien le mal, pur, indestructible et omniprésent, qui passionne le nihiliste Carpenter. Le réalisateur rebutera ainsi les nombreuses analyses qui voyaient dans le film un message moraliste ("les plus vertueux ont moins de chance de mourir"), un propos sexiste, ou des allusions phalliques sur les armes utilisées. Bien qu'il soit difficile de ne pas y penser, et que d'autres teen-slashers franchiront clairement le pas !


Enfin, quelques passages ont peut-être mal vieilli, ou perdu de leur efficacité, à cause des nombreuses copies voire parodies. Mais "Halloween" demeure intéressant, plaisant, et même parfois encore effrayant.

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le 14 juil. 2020

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Redzing

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