Une enquête policière dans sa cruelle nudité. Une énigme dont sait à l'avance qu'elle ne sera pas résolue, encore que ? L'amie de la victime en trouve la solution, une solution qui ne plaira pas à tout le monde mais qui contient sa part de vérité, inéluctable. Comment on enquête, comment on se perd, comment on se retrouve, comment on se perd encore ? Comment on ne veut pas lâcher, comment on n'y est forcé non par la pression d'un tiers, mais par le réel dans toute sa dimension énigmatique.
Quelques flics, leurs vies, leurs déboires, mais aussi leur honnêteté quand ils s'y mettent, et leur obstination aussi.
Il n'y a dans le film de D. Moll aucun de ces clichés qui finissent par alourdir les polars : la pression de la hiérarchie, le flic cabossé qui se persuade d'une vérité que personne ne veut entendre sauf lui, la solution de l'énigme rusée, auquel on n'aurait pas pensé... Ici c'est l'ordinaire qui prévaut un ordinaire transfiguré par la caméra du réalisateur. La vie ordinaire en définitive de la victime, la vie ordinaire des flics devant des énigmes qu'on ne peut lever : comment l'accepter ? Rien de superflu dans ce film où tout sonne juste, l'émotion que dégage Marceau (Bouli Laners excellent) comme la froideur du capitaine Yohan (Bastien Bouillon) qui semble ne vivre que pour son métier.
Normal people dans un monde dont l'anormal est la norme.