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La nuit se traîne, et parfois un peu trop

Captivant et visuellement très inspiré, La nuit se traîne s'appuie sur une mise en scène bourrée de bonnes idées, piochées intelligemment du côté de Collatéral, Zodiac ou encore du cinéma sud-coréen. Les références sont bien digérées, jamais clinquantes, et confèrent au film une atmosphère à la fois tendue et nocturne, qui fait mouche. Le tout porté par une photographie granuleuse à souhait, qui rend justice à l’univers sombre et urbain que le réalisateur tente de dessiner.

Le problème, c’est que tout ça tient sur un scénario bien trop grossier pour convaincre sur la longueur. La dernière partie sombre même dans le ridicule, ruinant en partie la tension patiemment installée jusque-là. Plus surprenant, le fond Black Lives Matter, qui aurait pu se révéler hyper casse-gueule, apporte de la nuance ainsi qu'un contexte permettant de répondre à ce qui aurait pu être des incohérences (l'inaction de la police), sans pour autant que cela sonne comme du forcing, tout en contribuant aussi à l'une des meilleures scènes du film. Une bonne surprise sur ce point-là, d’autant plus que le film prend justement le contre-pied de certains clichés en mettant en scène un personnage principal (interprété de manière tout à fait convaincante) qui fuit le mouvement autant qu’il fuit la lumière. Ce même personnage, qu’on surprend à écouter Petula Clark en pleine nuit — comme figé dans une époque révolue — donne une vraie consistance au thème du décalage. C’est un homme en marge, un type banal et invisible qui finira par devenir une autre personne après une nuit mouvementée.

Rien à redire du côté du casting : les acteurs sont solides, y compris dans les petits rôles. En l'occurrence, mention spéciale à Toni d’Antonio, récemment disparu, qui m'avait beaucoup marqué dans Fils de plouc. Le personnage de Yannick, interprété par un Romain Duris dans un rôle à contre-emploi, m'a curieusement beaucoup fait penser à un méchant de BD que n'aurait pas renié le Luc Besson d'antan.

Reste que l’ensemble respire un peu trop le film de “forceur” : certains plans semblent uniquement là pour impressionner, pour “faire du cinéma” — dans le mauvais sens du terme. On sent presque que certaines scènes ont été écrites autour d’une image en tête, plutôt qu’au service d’un récit cohérent, ce qui finit par desservir l’ensemble.

On retiendra malgré tout La nuit se traîne pour sa mise en scène, pour quelques idées marquantes, et pour un réalisateur qui, malgré ses excès, montre un certain potentiel. Reste maintenant à le canaliser. Dommage que le film ait connu un gros bide en salle.

MacCAM
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le 6 avr. 2025

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