La dégénérescence sans fard, frontale. Sans complaisance non plus. Telle qu'elle se présente, dans ses déambulations, ses fuites, ses absences. Avec tout ce qu'elle conserve d'humanité, de peur, de rappel à soi. Pendant que la génération d'avant court comme un poulet sans tête d'urgences en urgences à la recherche d'un désir profond, d'une existence propre. La solution est dans les notes. Dans la lecture d'une partition, changer le rythme insensiblement. Faire renaitre ce qui n'est plus. Mais le monde continue. La violence explose, la folie grandit et la mort approche. Etre là pour ses proches : sauf que le passé pèse. Même quand le silence tombe et que la mémoire fuit, le passé est là. Il ne disparait pas. Faute d'amour. La béance évidente d'une absence d'amour. Qui gouverne tout, qui explique pourquoi on n'était pas là, on ne ressent pas, on évite, on part. La vie qui s'éteint, quand l'amour n'est pas. C'est un Festen sans fête, sans le grand-guignol des révélations tapageuses : juste la banalité d'un Rien qui se dit à mi-voix. Pour une même déflagration. Comment vivre alors? Se repaître de nuit. Eprouver ses limites, sonder la noirceur des excès, dans les pulsations du corps. Tenter de vivre ensemble? Mais quand toutes les notes sont fausses, l'harmonie est impossible. Les musiciens ne joueront pas.