En 1969, Blake Edwards sort un film expérimental, "The Party". Expérimental car le déroulement a été en grande partie improvisé par l'équipe. Afin de ne pas s'emmêler les pinceaux dans la continuité, une caméra vidéo était attachée à la Panavision afin que l'équipe (tant les acteurs que les techniciens) puisse voir ce qui a été tourné et agir en conséquence.
C'est sans doute ce qui explique le rythme très particulier du film. Des plans séquences terriblement longs, des gags terriblement mous, amorphes... Et pourtant le timing est là car les idées fusent et les acteurs assurent. La mise en scène épate de par cette simplicité dans l'approche comique. Nous sommes en plein silence du gag, car la chute y est discrète : pas de gros plans sur un personnage qui tombe, non, c'est même parfois caché par un autre, et c'est exactement ce type de comédie qui me plaît le plus, quand on n'appuie pas l'humour avec des gros plans. Le casting est très bon. La palme revient sans doute au serveur qui finit par voler la vedette à Sellers qui, heureusement, accepte de s'effacer.
Le scénario, aussi improvisé soit-il, comporte de très bonnes idées. Suffisamment pour que le spectateur ne s'ennuie pas malgré une absence d'objectif principal. J'ai apprécié le fait qu'il n'y ait pas qu'un seul idiot, et par conséquence, "The party" me semble être un cousin éloigné du "Dîner de cons". Mais la grande particularité de ce film, c’est qu'il est quasi muet. En effet, les dialogues sont rarement très intéressants en soi, simples mondanités que l'on s'échange naturellement, les gags sont surtout visuel et un écriteau aurait suffit pour préciser le sujet de certains commentaires.
Je regrette toutefois la séquence finale en apothéose, simplement parce que Edwards en fait trop et que les gags sont moins bien exploités. Jusque là une idée était bien étirée, on prenait son temps pour l'exploiter sous toutes les coutures, mais une fois arrivé au boum final, il ne se passe plus rien grand chose de très intéressant.
Bref, "The party" est un sacré OFNI puisqu'il s'agit d'un film improvisé, aux dialogues quasi inutiles conférant ainsi au film une aura de film muet ; attention, c'est très très drôle, et ça fait du bien de nos jours.