Haters gonna hate.
Toutes les personnes qui ont trashé le film avec des arguments fallacieux peuvent directement commenter en bas de page "Olol nazi c'est un film antisémite.". Oui, car j'aime bien commencer une...
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le 11 janv. 2011
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Difficile de critiquer un tel film… Mais, il y a beaucoup à en dire ! Personnellement, je ne suis pas de confession chrétienne, mais je me suis pas mal intéressé aux particularités de la culture juive et de la culture chrétienne (considérez que c'est la critique d'un agnostique).
Si ce film est si intéressant à critiquer, ce n'est pas pour le film en lui-même, mais davantage pour ses critiques très positives ou très négatives.
Quand on regarde les choses sous un œil simplifié et un peu renseigné (je n'ai lu que quelques passages des Évangiles), on peut dire que ce film est tout simplement une passion du christ. Une passion dans son sens pictural et visuel. Si on le considère comme cela, pourquoi lui reprocherait-on son message évangélique tronqué et décontextualisé ? Qu'on regarde par exemple les passions de Grünewald (XVè) : elles sont tout autant violentes, sinon davantage (car sur certaines on voit de manière exagérée les pieds et les mains convulsés et striés par les clous sur le bois… ). Sur nombre de ces tableaux, on peut voir souvent des panneaux latéraux sur la même peinture qui rappellent certains épisodes de la vie du Christ, pour le message évangélique : le parallèle avec les courtes scènes de la vie du Christ dans le film de Gibson est évident !
Pour parler de cette passion animée et de Grünewald, je me base sur la critique qu'en a fait René Girard; Je vous conseille d'aller la voir, elle est très intéressante. :) Girard dit aussi que les Évangiles ont été écrits à une époque où le réalisme n'existait pas. Dès lors, à mon humble avis, je trouve que c'est une mauvaise idée de comparer les textes sacrés avec la représentation qu'est ce film. Comparons-le plutôt avec les autres passions du Christ. Le film de Mel Gibson serait le premier à proposer une passion par le vecteur du cinéma. Personnellement, je salue grandement ce coup d'audace de la part du cinéaste. Je trouve dommage que si peu de ces coups d'audace soient aboutis dans notre société actuelle, où les gens critiquent vertement et avec trop de facilité toute œuvre subversive.
Le film est certes impressionnant dans sa mise en scène, mais avant tout, il est hollywoodien : dans tous ces genres de films, on s'attend nécessairement à une scénique qui veut en mettre plein la vue. Et pour la question du gore dans le film, elle divise beaucoup les individus en fonction de leur sensibilité. Certains ne peuvent pas supporter les images de sang versées, au surplus accompagnées de râles et d'expressions de douleur (très bien joués par l'acteur). Certains autres ne réagissent pas à ses images dont ils voient immédiatement le trucage, ou parce qu'ils y sont réellement insensibles.
Cela étant dit, pourquoi autant appuyer les critiques contre ce film sur la question des violences qui ont été exagérées ? De nos jours, on fait des films bien plus gores que celui-ci, parfois même, hélas !, accessibles au grand public… Contrairement à ce que certaines critiques disent en faisant de grands raccourcis, Gibson ne montre pas TOUT. Exemple : le moment où Jésus se fait fouetter suite à la sanction de Ponce Pilate (passage d'une grande violence) ne montre qu'UNE partie des coups de fouet à l'image. Vous ne me croyez pas ? Je vous invite à revisionner la scène ;) La caméra nous montre parfois les visages de certains spectateurs impuissants qui assistent au supplice. La scène a impressionné bon nombre de gens, au point qu'on a réellement cru que tout était montré ! Mais attention : j'ai quand même des réserves, et pense aussi que les flagellations ont été exagérées. N'importe qui à sa place, ce serait évanoui sous la douleur.
D'où viennent ces accusations d'antisémitisme sur ce film ? Tous les figurants sont Juifs, à l'exception des Romains. Les Romains tiennent plutôt le rôle de bourreau en flagellant et crucifiant Jésus. Les Juifs (hormis les fidèles de la secte de Jésus) tiennent plutôt le rôle de juge en "contraignant" Ponce Pilate à crucifier Jésus. Mais c'est vrai que les Juifs (surtout les Pharisiens, càd les membres de l'autorité de la loi juive) montrent jusqu'au bout une facette d'eux-mêmes très dégradante : des gens ayant un comportement de lynchage très irrationnel, marqué par la bêtise et la grossièreté. Mais cela n'a rien de spécifiquement juif. Cela s'explique par l'époque : au temps de Jésus, les Juifs traversent une période de crise dans leur Histoire, ce qui encourage fortement chez eux le fait qu'ils cherchent un responsable pour tous leurs malheurs. Le phénomène du bouc émissaire est très bien montré : la scène dans la cour intérieure du palais de Pilate, où les Juifs s'écrient, à la stupeur générale, qu'il doit libérer le criminel Barabas plutôt que Jésus est criante de vérité. Mais ça ne veut pas dire que le film s'attaque à ces Juifs : le même type de réaction peut se voir partout dans le monde, quelque soit la culture !
Maintenant, pour la scène à priori gratuite de Judas qui se baisse pour ramasser ses pièces : elle n'apparaît pas dans les Évangiles. Pourquoi l'avoir mise ici ? Je me pose aussi la question. Il est vrai que ça pourrait être une provocation de Gibson : il jouerait avec les limites à ne pas franchir pour raconter l'Histoire. Judas n'est pas avare dans cette scène : on voit bien que le Pharisien lui jette avec dédain la bourse à demi ouverte. Toutes les pièces tombent évidemment sur le sol à l'arrivée ; lui se précipite pour les ramasser maladroitement, ayant peut-être déjà des remords après avoir leur avoir livré Jésus.
Le peuple Juif est après tout un peuple de marchands d'un point de vue sociétal : ils occupent à l'origine la Judée, qui est une terre qui faisait le pont entre trois continents, avec des routes commerciales qui la traversaient. Et pour le cliché antisémite selon lequel les Juifs feraient tout pour s'enrichir, quitte à être malhonnêtes avec les autres peuples, il est apparu au Moyen-âge ! À cette époque, l'église avait interdit l'usure aux chrétiens ; les juifs étaient donc les seuls qui pouvaient remplir cette fonction dans cette zone du monde. Mais, ici, la fameuse scène de Judas se passe dans l'Antiquité : cette scène n'est qu'un détail réaliste de moindre importance, où Judas ramasse quelques malheureuses piécettes. L'accusation de cliché pourrait être qualifiée anachroniste, si on regarde ce film comme un film historique. Quant à le regarder comme une représentation qui est le fruit de notre époque, c'est certainement plus délicat…
Je me suis un peu attardé pour démonter certaines critiques qu'on a fait sur ce film. J'espère que vous me rejoindrez sur le fait qu'elles sont faciles à dire, car motivées par la colère que soulève ce film chez beaucoup de spectateurs. Et si le film est choquant, s'il est d'une qualité discutable (car manquant parfois de subtilité dans sa mise en scène), que ces spectateurs se demandent pourquoi ce film les fait réagir de telle façon. Toute religion mérite d'être respectée pour ce qu'elle est, malgré le scandale qui les fait souvent naître (je pense surtout ici au christianisme, mais pas seulement).
Je salue surtout la liberté d'expression de Mel Gibson, et les risques qu'il a pris pour faire cette œuvre sujette à débat.
Créée
le 31 mai 2025
Modifiée
le 11 juin 2025
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le 11 janv. 2011
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Déjà, t'achètes un Blu-ray en magasin, la peau du baigneur, tu peux me croire. Et t'as beau chercher partout, j'écris bien partout, pas moyen de trouver la VF. T'es bien installé, le joufflu vissé...
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