Universalisme républicain - The movie

Je voulais faire une blague en mode "Ils ont grand remplacé Adèle" mais même pas, parce que ce film réussit avec brio à gommer la race et la classe et finit même par gommer la question d'être lesbienne pour sombrer dans un drame romantique sur une rupture amoureuse.

Il n'y a rien. En fait, le seul truc qui arrive à être touchant, c'est les scènes de petits déjeuners en famille et les scènes dans la cuisine parce que les interactions mère-filles et entre les sœurs sont captées avec une certaine justesse. Mais le reste... nada,que tchi, walou. Le poids du lycée disparait vite, le poids de la famille apparait comme inexistant et ne revient qu'à la fin, le poids de la religion ne sert que dans une scène. Je dois avouer que si un film de lesbienne c'est juste filmer des meufs qui s'embrassent alors le meilleur c'est La vie d'Adèle.

En fait, Hafsia Herzi vide tous les problèmes de leur substance pour ne laisser qu'une petite forme d'universalité. Au début du film, je me disais qu'on allait suivre un espèce de récit d'initiation, de quête de soi. Mais en fait, passer le premier rendez-vous où une meuf plus âgée lui explique le cunnilingus, on part directement sur autre chose. A savoir, une relation puis une rupture et le deuil de la relation pour revenir au final que les deux se retrouvent et se pardonnent. D'autant que les raisons de la rupture c'est "ouin ouin j'suis dépressive" et hop ! c'est expédié en deux minutes. Je crois que c'est vraiment le fond du problème de ce film, c'est qu'il ne prend pas le temps.

Chaque scène, c'est un prétexte pour nous donner une information. Par exemple, les scènes à la fac, elles ne sont que là pour nous dire "t'as vu, elle cherche à s'émanciper de son milieu" (milieu qu'on ne voit jamais d'ailleurs puisqu'un fondu au noir et c'est plus un problème pendant 1h30). Alors, elle est en licence de philosophe mais au final, ça n'a pas vraiment d'importance, elle pourrait être chimie ou géologie, ça ne changerait pas grand chose. Parce que la mise en scène n'a aucune prise sur le film, elle se contente d'illustrer la narration. Alors, il y a quatre saisons. En été, elle est heureuse. En automne, elle est triste et puis au printemps, elle revit. C'est un mauvais film d'Eric Rohmer.

Ce film me fait me dire que le male gaze, ça n'existe pas. Il y a un enchaînement de scènes de sexe qui ont la sensualité d'un rat mort. Là où il devrait y avoir du désir, il n'y a rien. Je n'ai rien ressenti devant. Pourtant, je trouve que c'est en soi une façon des plus banales de filmer les corps et le désir. J'ai l'impression d'avoir vu ces scènes des centaines de fois. Pareil pour la scène de la soirée ou la scène chez Ji-Na. C'est banal.

Quelqu'un d'autre aurait pu faire exactement pareil. Je n'ai pas l'impression qu'il y est un regard qui porte ce film, autrement que dans les scènes entre les sœurs où on sent le vécu et la tendresse pour ce genre de moments.