Pedro Almodovar est l'un de mes cinéastes préférés. Plus je découvre sa filmographie, plus je suis surpris par son cinéma. Je n'ai vu que 7 films (Douleur et Gloire, Volver, Julieta, Madres Paralelas, Pepi, Luci, Bom ... , Les Amants passagers et la Piel que Habito) et je suis déçu, pour le moment, que par Les Amants Passagers.
De ce que j'ai pu voir, Almodovar est un homme qui va toujours vers les mêmes thématiques dans son travail. Soit la relation mère-enfant, soit recherche d'identité, soit la sexualité. Bien qu'il y retourne dans chacun de ses films, il arrive toujours à aborder ces thèmes avec beaucoup d'humilité et toujours avec un point de vue différent.
Dans la Piel que Habito, Pedro Almodovar va de nouveau aborder ces trois thèmes avec beaucoup de brio mais aussi beaucoup de mal-aisance. On aborde le film avec une jeune femme qui fait du yoga. On introduit les différents personnages de façon assez simple et Almodovar réussit à nous faire croire la "fausse-identité" du personnage de Elena Anaya. On croit très rapidement à son histoire et on ressent de la sympathie pour la relation des deux personnages.
Puis sans prévenir nous avons un flash-back qui met en image les propos du personnage de Marisa Paredes qui nous explique le passé du personnage d'Antonio Banderas. Et comme j'avais été surpris dans le film Volver, Almodovar nous montre un twist qui surprend et qui nous fait repenser à toute la première partie du film. De la sympathie on ressent de la mal-aisance, du dégout. Mais on comprend ici tout le génie dans la mise en scène du réalisateur.
Il y a une scène qui m'a beaucoup touché et qui est lourd de sens. C'est la scène de fin où Vicente, libéré, retourne dans la boutique de sa mère et voit la jeune femme dont il est amoureux. Seul problème, cette femme est lesbienne (j'aime beaucoup le fait que l'homosexualité soit traité de façon commune à une époque où il y avait beaucoup de polémique). Je trouve cette dernière scène d'une tendresse infinie quand il dit " Je suis Vicente". Pour moi, j'entends "Malgré ma transformation forcée, nous allons pouvoir nous aimer". La question du sexe a toujours été prédominante dans le cinéma d'Almodovar et il traite chacune de ces questions avec beaucoup de normalité. L'homosexualité et la bisexualité ne sont pas des vices mais quelque chose de normal. Dans la Piel que Habito, il va pousser le vice au point de faire aimer un homme, hétéro, et une femme, transgenre pour le coup, tout en sachant qui il était. On peut aller très loin dans l'analyse de la recherche de soi. En réalité, la transformation de Vicente n'est pas la punition en elle-même, ce n'est pas une vengeance pour le punir de ce qu'il a fait mais plutôt la réalisation d'un fantasme parfaitement humain.
Le soucis avec le cinéma d'Almodovar c'est que je pourrais tout lui pardonner même si il y a quelques inégalités. Comme toute la séquence avec Le Tigre et sa mère qui n'apporte pas vraiment de corps à l'intrigue. Comme le fait qu'il est sous-entendu qu'il y a eu plusieurs tentatives pour recréer le corps de sa femme alors qu'il n'y a eu qu'une seule patiente. Je lui pardonne car Almodovar me fait a chaque fois passer un bon moment et me fait oublier l'instant présent.
Bon visionnage :)